Meurtre de Tarzan à Bomal: la défense de Mélissa Sauvage amène la question des abus
La mère de la plus jeune fille d’Antoine Marchal dit aussi avoir reçu des confidences.
Publié le 16-03-2023 à 17h43 - Mis à jour le 16-03-2023 à 17h44
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Une cour d’assises peut se transformer en moment d’impudeur. Et ce jeudi, l’illustration en a été donnée au procès du meurtre d’Antoine Marchal alias "Tarzan" devant les assises du Luxembourg. Car il y a été question de l’intimité de la plus jeune fille de la victime, une jeune adolescente âgée alors de 13 ans. Mélissa Sauvage, autre fille d’Antoine Marchal, accusée du meurtre de son propre père, a toujours affirmé avoir reçu les confidences de sa cadette qui lui aurait confié avoir été violée par son père. Et ceci aurait motivé Mélissa Sauvage à se rendre chez la victime à Bomal pour lui soutirer des aveux, le 31 août 2020, en compagnie de ses co-accusés, Renaud Dessart et Fabrice Duchesne.
"Un élément à la genèse du dossier" a encore dit ce jeudi la défense de Mélissa Sauvage. Et ce après avoir entendu le témoignage de la mère de la jeune adolescente.
Séparée d’Antoine Marchal, cette dernière est partie vivre dans la région d’Anvers avec sa fille. Mais l’adolescente séjournait durant les congés scolaires chez son père à Bomal. Aux alentours du 24 août 2020, la plus jeune fille d’Antoine Marchal aurait émis le souhait de revenir chez sa mère.
"Elle m’a dit que je devais venir la rechercher car son papa n’avait pas d’argent pour mettre du mazout dans sa voiture", explique l’ancienne compagne de Tarzan. Une dame parlant à voix basse devant la cour et dont le président a dû souvent lui lire des extraits de son audition par la police. Elle dit aussi avoir reçu des confidences de sa fille sur des abus sexuels.
"Elle m’a dit que cela faisait deux ans", affirme la mère de l’adolescente.
Mélissa Sauvage avait aussi pris sa jeune sœur sous son aile, l’initiant à l’équitation.
Même si ces suspicions d’abus ont déjà été évoquées à plusieurs reprises, rien n’a jamais été démontré. Tout comme les violences sexuelles dont Mélissa Sauvage dit, elle-même, avoir été victime plus jeune de la part de son père.
La mère de la fille cadette explique avoir consulté un gynécologue en novembre 2020, soit après le décès d’Antoine Marchal.
"Il a été constaté qu’elle avait attrapé le papillomavirus et qu’elle n’était plus vierge", répond le témoin au président. La mère de l’adolescente reconnaissant par ailleurs qu’elle-même a parfois été violente avec sa propre fille.
Depuis le début du procès, les suspicions d’abus apparaissent peu à peu comme un élément que la défense de Mélissa Sauvage mettra en avant.
Et à la question d’une jurée de savoir si sa fille avait déjà eu un petit copain, la mère de l’adolescente répond par la négative.
"Est-ce que votre fille vous est apparue libérée de quelque chose lorsqu’elle vous a parlé ?", demande encore Me Dimitri De Coster, avocat de Mélissa Sauvage.
"Je fais confiance à ma fille", dit à ce sujet, la témoin.
Une nouvelle mission médico-légale
Mais du côté des parties civiles, les avocats des proches d’Antoine Marchal soulignent que cette cour d’assises n’est ni le procès de la victime ni de sa jeune fille. D’autant qu’il n’y a pas d’expertise gynécologique au dossier.
Cependant la défense de Mélissa Sauvage souhaite que tout puisse être évoqué. Et Me Loïc Richard d’évoquer une ordonnance prescrite à la jeune adolescente pour une pommade pour traiter le papillomavirus. Face à ce débat qui s’est invité à l’audience, le président Hugues Marchal a ordonné un devoir visant à interroger le médecin légiste sur l’utilisation de la pommade et sur la pathologie gynécologique du papillomavirus. Pour les confronter aux déclarations de la maman de l’adolescente. Et ce pour ne pas laisser de questions sans réponse.
Quant aux propos de la jeune sœur de Mélissa Sauvage, la cour, le jury et les différentes parties ont pu visionner son audition vidéo-filmée à la police, jeudi en fin de journée, mais à huis clos vu qu’il s’agit d’une personne toujours mineure.