Meurtre de Tarzan Bomal: le légiste n’est pas entièrement formel
Le médecin légiste est en arrivé à la conclusion d’une hémorragie mais sans exclure formellement une autre explication. La défense voit des doutes.
Publié le 15-03-2023 à 17h22 - Mis à jour le 15-03-2023 à 17h23
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Lorsque le corps sans vie d’Antoine Marchal avait été retrouvé dans son lit, chez lui à Bomal, le 9 septembre 2020, le décès remontait déjà à plusieurs jours. Le cadavre de celui que l’on surnommait Tarzan était dans un état de putréfaction avancé. Cela n’avait toutefois pas empêché qu’une expertise médico-légale puisse être réalisée. Et ce mercredi, le médecin-légiste mandaté au cours de l’instruction, le docteur Aurélien Partoune, est venu présenter ses conclusions, cette fois devant la cour d’assises du Luxembourg à Arlon jugeant le meurtre de Tarzan. "Quatre lésions contondantes ont été relevées sur le corps ; à savoir provoquées par un instrument ou poing qui frappe mais qui ne pique pas", explique le Dr Partoune.
Le corps d’Antoine Marchal présentait aussi quatre côtes cassées.
L’hypothèse la plus largement retenue est celle d’une mort survenant après des coups. Des coups qui auraient été portés lors de la virée de Mélissa Sauvage, la fille de la victime ; de son ex-compagnon, Renaud Dessart et d’un copain Fabrice Duchesne, à Bomal le 31 août 2020. Le trio est d’ailleurs accusé de meurtre.
"Un boxeur étourdi jusqu’au coma"
Selon le Dr Partoune, le décès n’a pas été forcément immédiat, pouvant survenir entre laps de temps de quelques minutes à quelques heures.
"Cela peut ressembler à l’image du boxeur étourdi jusqu’au coma, commente le médecin légiste. Cela peut arriver progressivement mais il m’est impossible d’être précis concernant le temps que cela a pu durer."
Selon les trois accusés, Antoine Marchal a été frappé dans son salon, au rez-de-chaussée.
Mais le corps de Tarzan a été retrouvé dans son lit à l’étage. Si l’expert exclut le fait que la victime se soit préparé à manger, il estime cependant possible un déplacement malgré son état.
"Monsieur a très bien pu monter du rez-de-chaussée à l’étage", précise l’expert.
Mélissa Sauvage a aussi laissé entendre au cours de l’enquête que son père, qu’elle suspectait de faits de mœurs, a préféré se suicider après l’altercation plutôt que de finir en prison pour abus sexuels. Et ce éventuellement après avoir ingurgité des médicaments.
"On ne peut pas exclure cette hypothèse mais on ne peut pas non plus l’affirmer", répond le Dr Partoune. Les accusés, qui étaient revenus chez Tarzan le 1er septembre 2020 pour redéposer, selon leur version, des objets emportés la veille, affirment avoir entendu la victime ronfler. Une affirmation jugée plausible par le médecin légiste.
"Ce témoignage ne vous facilitera pas la vie"
L’expert a conclu que l’hémorragie intracrânienne était la cause "la plus probable" du décès.
Mais du côté médico-légal, il n’y a donc pas de certitudes complètement claires.
"Donc vous n’êtes pas certain à 100% que le décès est consécutif à une hémorragie intracrânienne", a d’ailleurs questionné Me Loïc Richard, avocat de Mélissa Sauvage. Et le médecin légiste de répondre: "Je ne peux pas l’affirmer ".
Sur les bancs de la défense, on relève donc des doutes.
"Il subsiste une part d’incertitudes et ce témoignage ne vous facilitera pas la vie ", s’est, lui, exprimé Me Luc Balaes, conseil de Fabrice Duchesne, à l’adresse du jury.
Me Richard demandant, pour sa part, que les jurés retiennent que la cause de la mort n’est "pas certaine" et que l’on "ne peut pas exclure un décès toxicologique".
La défense de la fille de Tarzan pointant encore le fait qu’il est possible que la victime soit montée seule à l’étage et qu’elle ait pu ensuite ronfler.