On plante aujourd’hui une forêt qui devra résister au climat de 2100
La Société Royale Forestière de Belgique prépare la forêt de 2100 qui devra résister à un autre climat que celui d’aujourd’hui.
Publié le 16-11-2021 à 17h44
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C’est un pari qui se joue dans nos forêts. Calculé, mais un pari quand même. Celui qui consiste à miser sur des essences d’arbres ou des variétés génétiques qui seront capables de résister au climat de nos régions en 2100 ou 2150.
Ce pari, c’est la Société Royale Forestière de Belgique (SRFB) qui le prend depuis 2018 en plantant des parcelles qui serviront de tests pour une trentaine d’essences d’arbres qui ne sont pas coutumières de nos régions. Mais qui, avec le changement climatique qui se profile déjà, pourraient parfaitement s’y adapter.
En deux saisons, 35 000 arbres de 18 essences ont déjà été plantés en Wallonie, surtout, et en Flandre. Le temps que d’autres arbres se développent en pépinières, les plantations s’achèveront dans 2 ou 3 hivers avec au total 70 000 à 80 000 arbres et une trentaine d’essences différentes (11 essences feuillues et 18 résineuses) qui tenteront alors de s’acclimater sur 32 sites différents en Belgique.
Résister au climat d’aujourd’hui, s’adapter à celui de demain
Sécheresses, vagues de chaleur, invasions d'insectes parasites,… : "Le changement climatique a déjà beaucoup d'impact sur notre forêt", dit Nicolas Dassonville, chargé de ce projet "Trees for future" à la SRFB et qui participait ce mardi à la première plantation de 400 chênes de Hongrie et 400 pins de Bosnie du côté de Jenneret (Durbuy).
Il est donc urgent d’adapter nos forêts, trop peu diversifiées et donc plus vulnérables aux phénomènes climatiques extrêmes qui vont se multiplier et s’intensifier. D’autant qu’on ne pourra juger de la pertinence des choix posés aujourd’hui que dans dix ou vingt ans.
"Et avec la difficulté que ces arbres doivent aussi pouvoir résister aux conditions météo actuelles", note Nicolas Dassonville. Car si les hivers sont déjà globalement plus doux et les étés plus chauds, des périodes de froid intenses surviennent encore épisodiquement et pourraient tuer ces arbres qui viennent pour la plupart du sud de l'Europe, du nord de l'Afrique ou d'États américains où les hivers sont moins rudes. On peut notamment citer le cèdre de l'Atlas, le douglas californien, le séquoia, le tulipier de Virginie, le pin de Bosnie, le chêne de Hongrie, le noisetier de Byzance, le sapin de Turquie, le chêne pubescent du sud-ouest de la France, etc. Mais des essences d'arbres déjà présentes chez nous sont aussi importées de l'étranger. C'est le cas par exemple du chêne sessile provenant de Gascogne et qui a des caractéristiques génétiques qui lui permettront de mieux résister à des sécheresses et des températures plus chaudes. Avec l'avantage qu'il pourra aussi se croiser avec nos variétés et, on l'espère partager ses particularités génétiques. Cela, c'est le futur qui le dira et c'est la raison pour laquelle la SRFB suit de très près l'évolution sanitaire et de croissance de ces jeunes pousses qui, peut-être, feront la forêt future du pays.