Judiciaire : l’Habaysien est-il le commanditaire des vols de tracteurs ?
Pour rembourser leurs dettes, deux petits malfrats ont volé des tracteurs. Le receleur qui leur a suggéré le vol, risque 18 mois de prison.
Publié le 26-01-2023 à 18h00
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À deux dates différentes, le 17 mai et le 18 décembre 2018, deux petits malfrats du Sud-Luxembourg ont volé deux tracteurs à des fermiers de Chiny, mais aussi un van pour chevaux et un chargeur télescopique (bras qui se fixe au tracteur pour charger ou décharger). Ils ont aussi tenté de voler du carburant et des palettes, mais n’y sont pas parvenus. Au-delà de leurs méfaits, ils ont jugé bon de parader avec les tracteurs dans les rues du village de Freylange.
Ils ont "revendu" leur butin à un Habaysien pour un prix dérisoire en établissant des factures qui stipulent l’absence de document d’immatriculation. Les deux vendeurs sont en aveux de leurs vols. L’acheteur, qui nie toute implication malhonnête dans la transaction, est poursuivi pour recel. "Le principal voleur se justifie en expliquant qu’il était harcelé par l’acheteur pour le remboursement d’une dette et qu’il avait même été frappé, qu’il se sentait menacé, explique la substitute du procureur du roi Florence Ricci. L’acheteur n’est absolument pas crédible. Il connaissait la valeur réelle de ses achats et ne pouvait que se douter du prix ridicule qui lui était facturé. C’est clairement le commanditaire."
Clémence pour les voleurs, sévérité à l’encontre du commanditaire
Le ministère public a requis sévèrement contre l’Habaysien réclamant un emprisonnement de 18 mois, sans s’opposer formellement à un sursis probatoire.
Il s’est montré moins sévère pour les voleurs. Le premier est empêtré dans diverses affaires et est interné pour une longue durée à l’établissement de défense sociale de Paifve (province de Liège), une maison de soins qui fonctionne comme une prison. Un an a été requis. Pour son acolyte, aux allures de suiveur, une peine de travail a été proposée.
Les avocats de la défense ont plaidé sur le fond, mais ont stigmatisé la durée de l’enquête et la lenteur de la justice. Ils ont invoqué le dépassement du délai raisonnable. Me Charlotte Maudoux, dans une longue plaidoirie, a dédouané son client et a refusé qu’il soit considéré comme le commanditaire des vols. Elle demande son acquittement. Me Dimitri De Coster et Me Joëlle Saussez, pour les deux voleurs en aveux, ont plaidé la clémence.
Les fermiers qui ont été préjudiciés en perdant des engins d’une valeur de 100 000 €, indispensables pour leur travail, attendent toujours d’être dédommagés.
Le juge André Jordant prononcera la décision du tribunal le 22 février.