Deux veaux morts ensevelis dans des galeries de castor, à Orgeo
Un éleveur d’Orgeo se trouve bien démuni face aux castors et leurs galeries. Il a perdu des veaux et risque d’en perdre encore, mais il ne peut reboucher les trous.
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Publié le 20-03-2023 à 19h07 - Mis à jour le 20-03-2023 à 19h08
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À en perdre la tête et la raison. Jean-Marie Nèlisse se trouve dans une impasse.
En septembre dernier, il a perdu deux veaux à cause des castors. Oui, oui, vous avez bien lu. Ces deux veaux, il les a cherchés partout, trois jours durant. Introuvables, dans la pâture de 4 hectares et aux abords.
En dernier recours, l’éleveur d’Orgeo (sur la commune de Bertrix) a arpenté le fond de sa pâture, située en zone Natura 2000, le long de la Vierre. Un terrain miné par les castors et leurs galeries. Son tracteur a d’ailleurs failli verser dans un trou, situé à environ 8 mètres de la berge. En inspectant ce trou, il remarque quelques os. Et en grattant la terre, apparaissent la carcasse d’un veau et sa médaille. L’animal s’est vraisemblablement blessé en tombant dans le trou, ou le sol s’est dérobé sous lui, lui cassant les pattes, et le condamnant.
"Ça fait mal au cœur"
"C’est terrible, et ça fait mal au cœur, il s’est retrouvé enterré vivant", commente l’épouse de l’éleveur.
Le couple contacte la police et le DNF pour faire constater la perte de ses deux veaux imputable au castor, un animal protégé. Un expert "castor" mandaté par le DNF descendra également sur place quelques jours plus tard. Inutile de chercher l’autre dépouille, leur dit-on. Le dossier est encore complété par un vétérinaire.
Début novembre, l’expert envoie son rapport. La valeur des pertes lui semble justifiée, et il la chiffre à 2 800 € pour les deux veaux.
Quelle surprise pour le couple lorsqu’à la fin du mois de novembre, il reçoit un courrier du DNF. "Vous n’avez retrouvé qu’un des deux veaux. Il n’est dès lors pas possible d’affirmer que le second veau a subi le même sort étant donné que sa dépouille n’a pas été retrouvée." L’indemnité est donc divisée par deux: 1 400 €. De quoi ulcérer le couple, alors qu’on lui avait déclaré qu’il était inutile de chercher la seconde carcasse.
Les éleveurs auraient encore retourné toute la zone pour retrouver la seconde carcasse, qu’ils risquaient de recevoir une amende pour avoir en partie détruit l’habitat du castor.
Interdiction de reboucher les trous
Jean-Marie Nèlisse se sent d’autant plus démuni qu’il voulait reboucher les trous afin de protéger ses bêtes. On le lui a formellement interdit. Pas question d’y toucher, le castor étant un animal protégé. "Nos veaux peuvent se casser les pattes dans les cheminées des galeries de castor, être enterrés vivants… Pourquoi y a-t-il deux poids deux mesures en matière de bien-être animal ?", s’énerve Monique.
Une autre solution serait de ne plus faire paître les animaux dans cette partie de la parcelle, en la clôturant. "Et qui va payer la clôture ?", demande l’éleveur. Sans compter qu’il va perdre un apport d’herbes en période de sécheresse. "Et que la zone est en Natura 2000. Si je n’y fais pas paître mes animaux, je perds les primes. "
L’éleveur se trouve dans une impasse. Quoi qu’il fasse ou ne fasse pas, il est perdant sur toute la ligne, alors qu’il respecte toutes les obligations que les différentes législations lui imposent. Il a interrogé l’administration: comment doit-il procéder l’été prochain ? Est-ce qu’une dérogation peut lui être accordée ? Avec des compensations ? Des questions restées sans réponse jusqu’à présent.
"Si je ne mets pas mes bêtes, je perds les primes. Si je les mets, je risque d’en perdre. Et de ne pas être indemnisé." De quoi en perdre la tête !