41 000 ardoises en circulation en deux ans en Semois & Lesse
41 000 équivalents euros de cette monnaie d’échange locale qui couvre une dizaine de communes circulent chez 150 partenaires.
Publié le 05-03-2021 à 06h00
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Ne dites pas monnaie parce que cela n’en est pas une puisque seules les banques nationales peuvent en frapper. Dites plutôt «monnaie locale citoyenne et complémentaire» ou même pour être plus précis: bons d’échange.
Pour des raisons de facilité, nous appellerons ce moyen d’échange «monnaie» dans notre article.
Il existe trois sortes de monnaies de ce type à cheval sur les provinces de Namur et Luxembourg: l’ardoise, donc, qui couvre les communes de Bertrix, Bièvre, Bouillon, Daverdisse, Gedinne, Herbeumont, Paliseul, Vresse-sur-Semois et Wellin; l’épi lorrain dans le sud et le voltî (Rochefort-Ciney et Marche).
Passer de la banque Triodos à NewB
Hier, lors d’une conférence de presse réunissait une des cofondatrices de l’ardoise, Nathalie Remacle, de Bertrix; l’éco-conseiller Raphaël Goblet, qui gère le dossier ardoise pour le compte de la Ville de Neufchâteau, et Jonas Dembour, animateur régional chez Financité pour la province de Luxembourg. Ils ont fait le point sur ce type de monnaie citoyenne.
L’ardoise, dont on parle depuis 2016, a été officiellement lancée à la fin de 2018 date à laquelle, explique Nathalie Remacle, on a créé l’ASBL L’Ardoise, Monnaie Locale.
Celle-ci est affiliée au réseau Financité dont le rôle est d’accompagner et soutenir tous les bénévoles des 18 monnaies existantes sur le territoire wallon et bruxellois. À ce jour, une masse de 41 000 ardoises circule sur les communes de son territoire, en gros la zone entre Semois et Lesse. Une ardoise vaut un euro et est couverte à 100% par une somme identique (réserve de contrepartie) déposée à la banque Triodos.
«Le but n'étant pas de capitaliser les ardoises puisque son essence même c'est de circuler pour soutenir le commerce local, il est question, explique Mme Remacle, que cette somme soit transférée à la banque NewB qui soutient des projets locaux. Ce serait chouette si ces bons d'échange du circuit court pouvaient financer des projets nés sur son propre territoire.»
L’ardoise cherche des bénévoles
Douze bénévoles s’emploient à faire vivre les ardoises. Le succès de ce système les amène à battre le rappel pour que d’autres volontaires bénévoles viennent grossir leurs rangs.
Pour rappel, une telle monnaie fonctionne pour de petits achats à faire dans les commerces locaux, chez les petits indépendants: «Le but de la démarche c'est que cette monnaie complémentaire à l'euro donne un coup de fouet à l'économie locale et le circuit court, explique Raphaël Goblet. L'ardoise ne détruit pas l'emploi et recrée du lien entre les gens, soutient les initiatives respectueuses de l'environnement, soutient aussi la culture, favorise l'économie pure. L'argent redevient un moyen d'échange et pas un but en soi.»
Ce type de monnaie, a-t-on constaté chez Financité, est un levier économique important parce qu'il circule davantage que les euros: «Une monnaie locale passera dans plus de 6 mains quand un euro ne transitera qu'entre une ou deux personnes, précise Jonas Dembour. Elle reste en circulation très longtemps au contraire de l'euro qui va disparaître vite dans des placements, de l'épargne voire même en fuitant vers l'étranger; cela entraîne qu'il faut constamment injecter de l'argent frais. C'est tout le contraire pour une monnaie dite locale, donc avec une ardoise par exemple, on fait vivre davantage de personnes qu'avec un euro. »
Pour rejoindre l’équipe des bénévoles de l’ASBL l’ardoise: Nathalie Remacle 0496/533904 et Raphaël Goblet 0497/276470