Même les détenus y ont leur chance
La Renardière, à Bertrix, est une entreprise d’économie sociale. Elle réinsère par le travail des chômeurs en décrochage et même des détenus.
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Publié le 14-03-2013 à 07h00
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L'entreprise d'économie sociale La Renardière, à Bertrix réinsère les gens par le travail du bois. En 2012, elle a dispensé 55 000 heures de formation à 121 stagiaires. « Tous les jours, nous nous occupons de 45 personnes: bûcherons, découpeurs, débardeurs, scieurs affûteurs et apprentis menuisiers à Bertrix et sur le site de la scierie à Izel. Les formations s'étendent sur Bertrix, Virton et Izel. La durée du stage est de maximum 18 mois. Les équipes travaillent par groupe de 6 à 7 stagiaires avec un formateur. Nous sommes quatorze salariés; chaque stagiaire reçoit un complément de salaire de 1€ de l'heure et de 7,50€ par jour pour ses déplacements et ses collations», explique Philippe Deller, directeur-gestionnaire de la Renardière.
Une subvention aveugle ?
Les 55 000 heures de formation sont subventionnées à raison de 12€/heure. «Cela fait 660 000€ par an comme plafond, calcule Marc Pierazzo, directeur-fondateur et coordinateur de La Renardière. Nous, avec la scierie, nous avons des machines très lourdes à acheter et à faire fonctionner, des camions, des engins de chantier,etc. On a des frais plus importants qu'une EFT d'informatique. Pourtant, toutes les EFT reçoivent la même subvention par heure de formation. Avec les 660 000€ que l'on reçoit nous avons assez pour payer nos 14 membres de l'encadrement. Heureusement que nos activités rapportent de l'argent parce que l'achat de matériel, le fonctionnement,etc. se font sur fonds propres. Et puis, le montant des points APE n'évolue pas, alors qu'on doit faire face au coût salarial», regrette encore M. Pierazzo.
La Renardière est installée sur le parc industriel de Bertrix et s'occupe de former des gens en décrochage: chômeurs de longue durée, minimexés, personnes sans revenu, prisonniers surveillés par un bracelet, et même des gens qui souffrent d'un léger handicap mental. « Nous tentons tout pour leur remettre le pied à l'étrier par le travail du bois. On a les moyens de tirer le meilleur de chacun d'eux. Environ 35% des stagiaires retrouvent un travail. Parfois même dans notre société commerciale dépendant de la Renardière et qui commercialise les produits de la scierie et de la menuiserie. Il s'agit de la société SPRL Progresscom», précise Philippe Deller.
La Renardière produit du bois traité pour faire des terrasses, des piquets pour construire des clôtures, du bois de chauffage. Et ce n'est pas toujours évident d'être en économie sociale: «Nous avons les mêmes charges qu'une entreprise, avec en sus les contraintes de l'agrément. La moitié des EFT a fermé l'an dernier et le secteur s'est assaini en quelque sorte. Si on n'a pas 50% de rentabilité, on peut arrêter. Quand je pense que cette année, pour lancer une EFT, il faut au minimum pouvoir dispenser 12 000 heures de formation. On place la barre de plus en plus haut, comme si on voulait décourager ce type d'activité s», s'interroge M.Pierazzo.