Pilsen célèbre aussi Patton, et les Belges, avec un impressionnant Festival de la Libération (vidéo et photos)
Invitée au Festival de la Libération à Pilsen, une délégation du Bastogne War Museum est revenue impressionnée et inspirée.
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Publié le 09-05-2023 à 18h11 - Mis à jour le 12-05-2023 à 15h36
Saviez-vous que Bastogne et Pilsen, quatrième ville de la République tchèque, ont un point commun, en dehors de leur passion de la bière ? Les deux villes partagent le fait d’avoir été libérées par le général Patton. Et de le célébrer chaque année en grande pompe, comme a pu le constater la délégation du Bastogne War Museum invitée au Festival de la Libération de Pilsen, le week-end passé.
Même si, il faut l’avouer sans ego patriotique, ce Festival de la Libération de Pilsen est un cran au-dessus de notre Nuts week-end. C’est que ces festivités, qui animent durant quatre jours cette ville comptant 10 fois plus d’habitants que Bastogne, attirent plus de 80 000 personnes, et bien des nationalités différentes, chaque année. Et le terme de festival n’est pas usurpé.
En plus de différents et bien souvent grands camps de reenactors installés dans différents endroits de la cité et rassemblant tous types de véhicule d’époque, de la jeep jusqu’au Spitfire, des scènes accueillent des concerts, plutôt teintés de classique moderne, de jazz ou encore de folk, tout au long des journées. De quoi attirer un plus large panel de visiteurs encore, donner une véritable fête et amener un vif enthousiasme autour de la mémoire.
Avec, en clou du spectacle le dimanche, un défilé impressionnant de près de 250 véhicules circulant sous les nombreux applaudissements d’une foule massée en nombre tout au long des 4 à 5 km du parcours. Et en dessous des passages de plusieurs avions, d’époque ou actuel dans un ciel bleu, pour ne rien gâcher. Le tableau est tout simplement saisissant. Mathieu Billa et Pierre Lhote, respectivement directeur et coordinateur pédagogique du Bastogne War Museum, n’ont pas dit le contraire: "C’était très impressionnant !".
Le Bastogne War Museum au festival de la libération de Pilsen
Mais ce qui reste peut-être le plus étonnant dans tous ces hommages, c’est la place… des Belges ! Il faut le voir pour le croire, mais là-bas, les vétérans belges sont autant considérés comme des héros que les vétérans américains. C’est que parmi les troupes de Patton qui ont libéré Pilsen le 6 mai 1945 se trouvait le 17e bataillon de fusiliers belges, composé de 700 volontaires principalement Liégeois, après la libération de la Belgique.
Dans les mains, les cœurs et sur les bâtiments, le drapeau belge côtoie ainsi le tchèque et l’américain. Notre cœur patriotique ne peut qu’en sourire. "En Belgique et à Liège, on fait peu honneur à ce bataillon, mais la République tchèque les honore de façon incroyable", constate Luc Rensonnet, fils de vétéran (Georges Rensonnet), et représentant des vétérans belges. D’autant plus qu’il n’en reste désormais plus qu’un en vie, M. Jacobs, qui n’a pu se rendre à ces festivités.
C’est d’ailleurs le seul nuage gris, voire noir, de ces festivités lancées en 1990: pour la première fois, aucun vétéran n’était présent. Une réalité qui touchera malheureusement bientôt toutes les commémorations.
Mais les organisateurs pilsenois ont démontré qu’avec l’aide des descendants belges et américains de ces valeureux soldats, ces absences n’empêchent pas de réussir à accomplir avec brio ce devoir de mémoire, encore plus important aujourd’hui qu’hier.
Mathieu Billa, directeur du BWM : "C’est interpellant de voir l’engouement pour les Belges"

Après une première visite en République tchèque en décembre 2021 et puis l’accueil de l’exposition tchèque "Anthropoïd", le Bastogne War Museum (BWM) poursuit ses échanges avec la Tchèquie, cette fois en répondant à une invitation pour le festival de la liberté de Pilsen.
Mathieu Billa, vous êtes le directeur du BWM, quel est le bilan de ces trois jours sur place ?
Il est positif, avec des découvertes intéressantes et des prises de contact. Il est aussi important de se montrer sur de tels événements. Et cela permet de voir comment ils procèdent, parfois de s’inspirer. Par exemple, ce n’était pas attendu, mais ça doit être la première commémoration de cette ampleur sans vétéran. Nous avons pris conscience que ça allait bientôt être le cas chez nous aussi, et qu’il faut réfléchir à la manière d’aborder ça. Ici, ils ont mis en avant les descendants, avec le portrait du vétéran, qui sont des VIP. Cela incite à nouer plus de liens avec les familles. Et il y a parfois des histoires très touchantes avec des témoins indirects.
D’autres échanges sont-ils prévus avec la Tchèquie ?
Déjà, on va installer le 2 juin, au bois de la Paix, une plaque en hommage aux victimes de Lidice. Les échanges vont se poursuivre après. Nous aimerions par exemple avoir, en prêt, des pièces de l’épave d’un avion abattu en Tchèquie, car c’est celui du frère de Georges Preddy, dont la copie de l’avion, abattu lui près de chez nous, est exposée dans notre musée. D’autres projets pourraient être développés, c’est intéressant d’avoir une vue différente sur ce conflit, car on a tendance à oublier que la campagne d’Europe s’est terminée en Tchèquie. Nous sommes aussi liés via la route de la liberté.
Avec des soldats belges, largement remerciés ici…
Oui, c’est interpellant. Quand les vétérans US viennent chez nous, ce sont eux les rock stars, mais ici, on constate la même chose pour les vétérans belges… qui ne provoquent pas autant d’engouement en Belgique. C’est fou de se dire qu’il faut parfois aller à l’étranger pour en apprendre sur l’histoire de notre pays. C’est tout l’intérêt de ces échanges.