Bastogne: une éleveuse de chats aurait escroqué des clientes
Une éleveuse de chats Maine Coon aurait escroqué plusieurs clientes, leur soutirant de l’argent sans remise de chat. Le Parquet a requis un mois de prison.
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- Publié le 11-04-2023 à 16h24
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Très bien habillée, s’exprimant avec aisance et précision, le regard droit… La dame ne ressemble en rien aux prévenus qu’on croise habituellement dans les tribunaux. Et pour cause, l’affaire qui la concerne est pour le moins inhabituelle.
La Bastognarde élevait des chats de race Maine Coon. Une race à poils mi-longs fort recherchée. À 1250€ le chaton, l’animal n’est pas à la portée de toutes les bourses. On reproche à l’éleveuse d’avoir escroqué plusieurs clientes.
L’une d’entre elle a déboursé 250 €, puis 300 € et encore 500 € sans recevoir le moindre chaton, après un an d’attente. "Nous avons toujours transmis nos conditions d’adoption mentionnant l’acompte d’inscription de 250 €, et qu’il n’y a pas de délai maximum pour la remise du chaton", explique l’éleveuse.
"Pourquoi demander de l’argent supplémentaire ? ", lui demande la juge Françoise Hertay. "Nous avons des frais, des soins quotidiens, des soins vétérinaires, la nourriture à payer…", répond la Bastognarde.
Des clientes finissaient par se rétracter, et n’étaient pas forcément remboursées. "Parce qu’elles se sont rétractées en dehors du délai de 14 jours, poursuit l’éleveuse qui a réponse à tout. Je suis respectueuse des lois. Et si le client estime qu’il n’était pas suffisamment informé sur le délai de rétractation, ce dernier peut être porté à 12 mois. Et nous étions au-delà de ce délai."
Elle se dit victime d’un complot
L’éleveuse se dit victime d’un complot, monté par une autre éleveuse chez qui elle avait adopté un chat avant de le lui rendre, mécontente. À l’entendre, cette dernière aurait ligué des clientes pour lui nuire. "Il a même été proposé de l’argent en échange de plaintes contre moi, se défend-elle. Oui, il y a un complot. Et quand on propose de l’argent pour des plaintes, c’est même de la corruption."
Un mois de prison requis
Le Parquet ne partage pas du tout cette lecture du dossier, et y voit clairement une escroquerie. "Madame ne disposait pas de suffisamment de chatons pour satisfaire toutes les demandes, avance le substitut Pierre d’Huart. Au lieu de les refuser, elle les a acceptées. Elle avait des problèmes d’argent, ne savait pas payer tous les vétérinaires. Elle a monté une sorte de pyramide de Ponzi. Elle vendait plusieurs fois le même chat, ou même des chats qui n’existaient pas." Des clientes ont en effet reçu des photos d’un même chaton comme étant le leur.
Le substitut a requis un mois de prison, le minimum légal, et 1 000 € d’amende (8 000 € avec les décimes additionnels), tenant compte de l’absence de casier judiciaire de la prévenue, qui a stoppé son activité.
"Elle ne surexploitait pas ses chats"
L’éleveuse, par le biais de son avocate, plaide son acquittement. "Madame a honoré toutes les demandes d’adoption. Celles qui n’ont pas été honorées, c’est suite au changement de position des clients, avance son conseil. Les gens veulent tout, tout de suite. Ils ne sont plus patients. Madame postulait un délai d’attente à un an. Elle ne faisait pas un élevage intensif, elle ne surexploitait pas ses chats."
Le dernier mot reviendra à la prévenue: "Il y a plus de 200 clients positifs, contre seulement 8 personnes mécontentes. Celui qui n’a pas d’ennemi, bien mince est le travail qu’il a accompli".
Le jugement sera prononcé le 9 mai.