Bastogne, première Commune wallonne à financer le combat contre les frelons asiatiques (vidéo)
La Commune de Bastogne va financer des pièges anti-frelons asiatiques et la suppression des nids. Une première en Wallonie.
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Publié le 16-02-2023 à 18h25 - Mis à jour le 16-02-2023 à 18h28
Le frelon asiatique est une espèce invasive qui menace la survie des abeilles, mais aussi de bien des insectes et des fleurs à polliniser. "Si on ne fait rien, dans 10 ans, il n’y aura plus d’abeilles et presque plus d’insectes !, lance Jocelyne Collard, dit"Joce des abeilles", la présidente de l’Union royale des ruchers wallons. Chaque nid consomme environ 11 kg d’insectes, dont les abeilles qu’ils décapitent." Il est donc urgent de combattre cet ennemi de notre biodiversité. Et cela, Bastogne l’a bien compris ! Après avoir accepté une proposition récente de Joce des abeilles, la Commune de Bastogne devient la première en Wallonie à financer et soutenir concrètement le combat contre le frelon asiatique. Une pionnière donc, elle qui est devenue "Commune Maya" en 2011.
50 pièges disponibles
Deux moyens vont être utilisés dans cette bataille. Le premier, c’est d’offrir des pièges anti-frelons. "C’est un piège sélectif, avec une entrée adaptée pour bloquer les frelons asiatiques, mais pas les européens, ni les abeilles et guêpes, détaille l’habitante de Lutrebois (Bastogne). On va placer un mets sucré et fermenté pour piéger les reines. Sachant qu’une reine en moins, c’est un nid en moins qui verra le jour au printemps. C’est le seul moyen de prévention, mais il faut se dépêcher car les pièges de printemps doivent être installés pour fin février, début mars." Renouvelés tous les 15 jours, ils resteront en place durant deux mois. Ces pièges pourront ensuite être utilisés une nouvelle fois fin de l’été, cette fois avec des protéines, dont les reines ont besoin à cette période.
Pour installer l’un de ces pièges, les citoyens et autres apiculteurs bastognards doivent contacter Joce. "Nous n’allons pas en mettre partout, mais dès qu’il y a une suspicion de présence de ce nuisible, éclaire-t-elle. Nous avons reçu une cinquantaine de pièges, cela devrait être bien suffisant pour cette année." De manière préventive, deux seront installés à Cobru et à Bastogne, dans les endroits où deux nids ont été repérés l’an dernier.
Après la prévention, qui est clairement la voie privilégiée, place si nécessaire à la suppression. Le deuxième moyen pour les combattre, c’est la destruction des nids. Et ce sera désormais financé par la Commune . "La Région wallonne l’a fait tout un temps, mais cela a un certain prix et elle a arrêté. Cela peut coûter entre 50 et 250 € selon la taille et la hauteur du nid. Vu que personne ne finance cela, les gens évitent de les déclarer, ce qui facilite leur prolifération. D’autant que le frelon n’a pas vraiment d’ennemi naturel chez nous. Ce que fait la Commune de Bastogne sera donc d’une grande aide."
Là encore, si vous apercevez un nid sur le territoire bastognard, il suffit de contacter Joce, par téléphone ou par mail. Appel sera ensuite fait à une entreprise spécialisée, "car il faut du matériel et des produits adaptés. Cela reste un animal dangereux, qui peut par exemple jeter du venin dans les yeux."
Le budget dédié par la Commune n’a pas encore été arrêté, "car nous ne savons pas combien de nids on risque de trouver", précise la Lutreboisaise. Il faudra donc faire un premier bilan dans quelques mois.
Propager l’initiative
D’ici là, Joce des abeilles espère que l’initiative bastognarde va essaimer dans les autres Communes. " Si nous ne sommes pas solidaires, nous allons être dépassés, les frelons asiatiques n’ont pas de frontière, clame-t-elle. Il faut donc que toutes les Communes s’activent pour que ce soit efficace. Bastogne n’est d’ailleurs pas la plus touchée par ces nuisibles - plus nombreux dans le Hainaut par exemple - mais il est capital d’enfin lancer l’initiative pour qu’elle se multiplie ensuite. L’info est déjà parvenue à quelques Communes, entre autres via les apiculteurs, et l’objectif est de toutes les contacter. C’est essentiel pour la survie de notre biodiversité !" Les autorités ne pourront en tout cas jamais dire ne pas avoir été averties à temps. Un temps qui presse face à cette espèce invasive qui progresse vers le nord au rythme moyen de 60 km par an.
Jocelyne Collard : 061 211268 ou jocelyne.collard@hotmail.com
Jean-Pol Besseling, échevin de la biodiversité : "Important pour nous"
Échevin en charge de la biodiversité, Jean-Pol Besseling est également apiculteur. Il connaît l’importance de combattre le frelon asiatique: "Nous avons très vite validé l’achat des pièges au collège communal. C’est important pour nous car il est grand temps de protéger l’abeille, déjà fragile sans cela. Il fallait faire vite pour placer les pièges en mars. Jocelyne est très motivée, il faut saluer son combat, c’est normal de répondre à sa demande. Quand à la destruction des nids, cela se passe plutôt en automne, mais nous nous engageons à les prendre en charge. Cela ne devrait concerner qu’un ou deux nids. Mais nous comptons surtout sur la prévention. Et tout cela permettra aussi un recensement pour avoir une vraie vue sur l’évolution."