Bagarre à Bastogne : à 2 centimètres près, il mourait
La bagarre entre deux bandes rivales a failli virer au meurtre à Bastogne. À 2 centimètres près, une carotide était sectionnée.
Publié le 13-12-2022 à 17h12 - Mis à jour le 13-12-2022 à 19h59
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La victime affichait une plaie de 7 centimètres de long, dans le cou. À deux centimètres près, la carotide était sectionnée et le jeune homme n'était plus de ce monde… Cette bagarre survenue à la rue des Remparts à Bastogne, la nuit du 17 au 18 juin 2021, a donc bien failli prendre une tournure plus dramatique encore. Trois des protagonistes se sont retrouvés ce mardi matin devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau.
Tout a commencé à la fameuse rue Lamborelle. Les policiers sont intervenus en début de soirée calmant une première bagarre en faisant usage de pepper spray.
Deux heures plus tard, les esprits s’échauffent à nouveau. Un gars reçoit un verre ou une bouteille à la figure et finira à l’hôpital avec 13 points de suture. Ses amis n’en restent pas là. Coup de fil à gauche et à droite pour rameuter toute une bande. Le substitut Pierre d’Huart parle de "traque" et "d’expédition punitive". "Ils tournent dans Bastogne, cherchant à se venger", explique-t-il. Se venger de deux Albanais, à qui ils imputent le lancer de bouteille.
Leur voiture est retrouvée, et saccagée à coups de marteau ou de vérin.
Les Albanais, alertés par le bruit, sortent de l’appartement où ils se trouvaient. Au moins un est armé d’un marteau. Des coups sont portés sur la voiture de la bande rivale.
Armés d’un marteau et d’une pelle
Tout ce petit monde se retrouve en rue, armé d’un côté d’un marteau. De l’autre, d’une pelle et d’un balai pris sur un chantier. Les coups pleuvent de part et d’autre, un Albanais se retrouvant tout proche de passer de vie à trépas.
Dans la bande adverse, deux jeunes hommes doivent donc répondre de tentative de meurtre. Bien que le substitut recommande de requalifier les faits en coups et blessures entraînant une incapacité de travail, avec préméditation.
Dans cette bande, Pierre d’Huart a requis deux ans de prison contre le prévenu principal, un jeune homme d’origine kurde. Et 18 mois à l’encontre de son ami.
Un autre garçon est également impliqué, mais mineur au moment des faits, il relève du tribunal de la jeunesse.
Dans la bande des Albanais, il requiert 12 mois de prison à l’encontre des deux prévenus. Celui qui a failli mourir et qui était en séjour illégal en Belgique fait défaut.
De la légitime défense ?
Dans chaque camp, les avocats plaident un acquittement, s’engouffrant dans des témoignages contradictoires, l’absence de certificats médicaux…
Commençons par le camp des Albanais, où un seul prévenu est présent, défendu par Me Molders-Pierre. Le lancer de bouteille ? Rien ne prouve que c’est lui, que du contraire, les éléments du dossier auraient tendance à pointer l’autre Albanais. Les coups rue des Remparts ? De la légitime défense.
Dans l’autre camp, Me Olivier défend le prévenu principal. "Il n’a pas dégradé de véhicule, il est resté dans sa voiture. " Les coups ? "Il n’était pas en position d’en donner ou alors, il y a eu échange de coups réciproques." Elle plaide l’acquittement de son client.
Tout comme Me Davreux. La mise hors d’usage du véhicule ? Le mineur en a pris toute la responsabilité. Les coups ? Oui, il en a donné, pour se défendre et défendre son ami qui a reçu un coup de marteau. Il sollicite donc la légitime défense.
Des drifts dans le centre-ville de Bastogne
Notons que le jeune homme d’origine kurde devait également répondre de toute une série d’infractions. Il s’est notamment amusé en mai 2021 à réaliser des drifts dans le centre-ville de Bastogne (5 mois de prison requis et 6 mois de retrait de permis).
La police a retrouvé à plusieurs reprises des armes dans son véhicule: coup-de-poing américain, matraque télescopique ou encore marteauH "pour couper la viande lors d’un pique-nique", explique-t-il, sourire en coin, à la juge Françoise Hertay pour le moins dubitative. Six mois requis par le substitut. Il y a aussi la détention de 10 à 15 grammes de cannabis pour sa consommation personnelle (3 mois requis).
Pour l’ensemble de ces faits, Me Olivier plaide pour une peine de travail.
Le jugement sera prononcé le 10 janvier.