À 69 ans, ce Bastognard va parcourir 7400 km à vélo jusqu’au Cap Nord pour le climat, le cœur et l’Ukraine
C’est un sacré voyage qui attend Jean-Pol Serré, de Wicourt. Avec plusieurs buts, dont la récolte de fonds pour deux associations.
Publié le 22-06-2022 à 06h00 - Mis à jour le 22-06-2022 à 10h31
7400 km à vélo en deux mois pour atteindre, depuis Bastogne, le Cap Nord (extrême de la Norvège) et revenir, c’est le fameux défi que s’est lancé Jean-Pol Serré.Un challenge pour des bonnes causes.Climatiques d’abord, car c’est en entendant ses petites-filles s’inquiéter du réchauffement que cet ancien lieutenant-colonel de l’armée belge, âgé de 69 ans, s’est dit qu’il devait lui aussi bouger. En cours de route, le Wicourtois y a greffé deux causes qui lui tiennent à cœur: il veut récolter des fonds pour deux associations, « Nos enfants cardiaques » et la Croix-Rouge ukrainienne.
Jean-Pol Serré, racontez-nous la genèse de votre beau défi, «I Ride my Bike for Climate».
Quand j’ai pensé à apporter ma petite pierre au combat contre le réchauffement climatique, voilà plus d’un an, j’ai pensé au Cap Nord car j’ai toujours voulu y aller.Et puis le vélo est venu logiquement, même si cela faisait plus de 10 ans que je n’entretenais plus ma condition physique, puisque j’ai subi un triple pontage voici trois ans, dont je suis entièrement rétabli.Au début, je pensais juste atteindre le Cap Nord et revenir par mes moyens.Puis la guerre en Ukraine a éclaté et cela me touche beaucoup.J’ai été en mission au Kosovo, en Bosnie, au Congo, mais cette guerre est encore pire.Je sais comment les civils souffrent. Donc j’ai décidé de passer par les pays menacés par la Russie, pour soutenir la population et montrer qu’il ne faut pas avoir peur d’y aller. C’est aussi dans ce contexte que j’ai pensé à la Croix-Rouge ukrainienne. Je passerai donc par la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie et puis la Finlande et je reviendrai par la Suède, le Danemark et les Pays-Bas. Soit 7400 km au lieu des 3400 prévus, mais cela vaut la peine.
N’y a-t-il pas de risques?
La tension monte autour de Kalingard, l’enclave russe entre la Pologne et la Lituanie, donc les menaces sont réelles.J’ai un peu modifié mon parcours pour m’éloigner de la zone.J’avais un peu d’appréhension, donc j’ai écrit aux ambassades de tous ces pays menacés et tous m’ont répondu qu’il n’y avait pas de souci.Que je pouvais me promener sans souci avec mon maillot qui reprend les couleurs de l’Ukraine, que tous étaient de leur côté. J’ai aussi demandé le soutien de francophones dans ces pays et les retours sont très motivants! Donc je n’ai pas de crainte.
Pas de crainte physique ou logistique?
Pour le physique, je me suis entraîné, même si avoir plus de temps était préférable. J’ai fait un test en allant jusque dans le Vercors mi-mai, avec des étapes de 180-190 km, et ça a été. Pour le reste, je suis un rustique, je n’ai pas besoin de beaucoup. Je dormirai dans ma tente et j’essayerai de trouver des campings pour recharger mon téléphone et mon matériel audiovisuel. Puis avec l’expérience de l’armée, je sais que je retomberai sur mes pattes. Vu le test, je me permets juste le luxe d’un réchaud. Mais si je suis déterminé à aller au bout, je m’arrêterai ou j’adapterai si ma vie est en danger.
Vous parlez d’audiovisuel, que comptez-vous faire?
Je vais emporter une Gopro, un drone… car j’aimerais réaliser un film intéressant et amusant sur le problème climatique, pour faire le tour des écoles après ce périple. Le climat, c’est le but principal.Je pense que s’il existe beaucoup de moyens, la seule vraie solution est l’éducation. Or, il n’y a aucun cours permanent. Il est dit qu’il faut 7 générations, soit 140 ans, pour que les gens soient entièrement conscients d’un tel problème: il ne faut donc plus traîner! Je profiterai aussi de ce voyage pour observer la gestion des déchets le long des routes dans les différents pays. En France, cela existe peu, mais chez nous, c’est une vraie catastrophe qui est flagrante quand on circule à vélo. Or il existe des solutions. Je vais aussi essayer d’interroger des responsables. Les déchets et le climat, c’est lié.
Vous allez aussi rouler pour une autre association…
Pour " Nos enfants cardiaques " .C’était une évidence car Nell, ma petite-fille de 3ans, a été opérée à cœur ouvert à 7 mois.C’est une miraculée, qui va très bien maintenant, à qui je suis très lié. J’invite les gens à envoyer leurs dons sur les sites des associations.Toutes les infos sont sur la page Facebook " I Ride my Bike for Climate " , où ma fille postera chaque jour des nouvelles de ce voyage.
À quelques jours du départ, vous reste-t-il encore beaucoup de préparation?
Oh oui, entre la logistique à préparer, la communication et les entraînements pour maîtriser le matériel vidéo, j’ai un peu délaissé la préparation physique. Pour être confortable, j’aurais dû faire ça l’an prochain, mais je me suis fixé une date pour ne plus avoir d’excuse et je serai prêt pour partir dimanche.Puis vu mon âge, c’est maintenant ou jamais car on ne sait jamais ce qui peut arriver.Même si j’ai déjà d’autres idées (sourire) .Je serai sur la place Mc Auliffe vers 8h et le départ est prévu à 9h30.Les gens sont les bienvenus pour assister au départ ou rouler quelques kilomètres avec moi, comme le feront 2,3 amis. Mon périple doit durer deux mois, mais je compte aussi prendre du temps pour rencontrer les gens.