Pierre et Léa Mostade, de Noville, reconnus « Justes parmi les nations » pour avoir sauvé une enfant juive
Le couple novillois Pierre et Léa Mostade vient d’être reconnu « Juste parmi les nations » par Israël, à titre posthume.
Publié le 14-06-2022 à 20h56 - Mis à jour le 15-06-2022 à 06h00
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Grande émotion, hommages et fierté bien légitimes régnaient au Bastogne War Museum mardi matin pour un événement d’exception: Pierre et Léa Mostade ont été reconnus "Justes parmi les nations", titres décernés au nom de l’État d’Israël par l’Institut Yad Vashem, à titre posthume. Le couple de Noville a ainsi été honoré 77 ans plus tard pour avoir hébergé, caché et donc sauvé une jeune fille juive, Régine Fedman-Wochenmarkt, entre 1942 et 1945, au péril de sa vie.
Si Léa et Pierre sont décédés respectivement le 12 juillet 1975 et le 16 juin 1965, les descendants du courageux couple novillois étaient évidemment présents, ainsi que Régine Fedman-Wochenmarkt, revenue pour la première fois depuis Anvers et dont ils avaient perdu la trace. "C’est très important de revenir ici, sourit-elle. C’est un jour spécial, je suis très contente d’être là et de pouvoir rencontrer leur famille. J ’espère que nous resterons en contact désormais. Je suis allée voir la ferme, mais je n’ai pas reconnu les lieux, tout a été reconstruit autour de la cave."Le lieu de la cérémonie, le Bastogne War Museum, est tout aussi symbolique puisque c’est Louis Mostade, le cadet de Pierre et Léa, qui a inspiré le personnage d’Émilien, que l’on suit au long du musée. Et c’est en s’intéressant à cette histoire, pour imaginer et dessiner Émilien, que Philippe Jarbinet a lancé les démarches pour que le couple novillois soit reconnu à la hauteur de son mérite. "Cela nous a touchés énormément , reconnaissent Annick et Rose-Noëlle Mostade, deux filles de Louis. Notre papa en parlait beaucoup, mais il n’a pas su le faire et nous ne savions pas quelle démarche entreprendre. Nous avons commencé en 2017, c’est le couronnement d’un long processus, où il a d’abord fallu retrouver Régine, que nous sommes heureuses de rencontrer. Nos grands-parents n’ont jamais cherché les honneurs, c’était naturel pour eux."
Arrivée à 7 ans, seule
C’est naturellement qu’ils ont risqué leur vie pour abriter une petite fille juive alors que la région grouillait de nazis. Venue d’Anvers en train avec toute sa famille à Namur, Régine, à seulement 7 ans, avait été séparée des siens et envoyée dans la ferme novilloise.Elle a pu compter sur le soutien et l’aide de la famille et des six enfants, qui la considéraient comme leur petite sœur. Tout en suivant consciencieusement les consignes qui lui ont été données: ne pas donner son vrai nom, ne pas parler de sa famille ni de ses origines. Au printemps 1945, Régine a pu retrouver ses parents, son frère et sa sœur. "Ils ont pris de sérieux risques puisque leur ferme a été occupée par les Allemands, a souligné le bourgmestre de Bastogne Benoît Lutgen .Ils ont malgré tout assuré.Leur courage n’a pas le caractère épique des soldats, mais des gens simples qui agissent pour les autres, même si leur vie est en danger."
Amir Ofek, chargé d’affaires représentant l’ambassade d’Israël en Belgique, a reconnu, en tant que fils de deux survivants de l’Holocauste, être particulièrement touché au moment de remettre les marques de reconnaissance: "C’est un jour particulier.Mais quoi que je puisse dire ou imaginer, ce ne sera rien par rapport à ce que Pierre et Léa Mostade ont fait. L’État d’Israël n’a jamais arrêté de chercher les gens qui ont sauvé ses enfants et il continuera.Merci aux enfants et petits-enfants de ces Justes parmi la nation."
Le couple novillois rejoint la cinquantaine de Luxembourgeois qui ont reçu ce titre, dont un couple Bastognard, Alphonse et Julie Heintz.