Les agriculteurs en souffrance ont manifesté : "Nous ne sommes plus compris"
Nouvelle grogne des agriculteurs ce mardi matin, qui ont mis en place plusieurs barrages filtrants. C’était le cas entre autres au rond-point de la Q8 à Bastogne.
Publié le 14-12-2021 à 20h13
Il fallait être patient ce mardimatin au centre de la ville de Bastogne. Les automobilistes ont dû lever le pied et pour cause, une dizaine d’agriculteurs se sont rendus au rond-point de la Q8, provoquant quelques embarras de circulation comme tel était le but annoncé. L’objectif était en effet de sensibiliser les conducteurs, non seulement en leur distribuant des pommes, mais aussi en leur faisant signer une pétition.
«Seulement 20% des terres produisent des aliments d’origine végétale»
Combien de barrages filtrants faudra-t-il aux agriculteurs, tous secteurs confondus, pour être entendus? C’est la question que se posent les principaux concernés. Hier encore, ils se sont rendus à divers endroits de la province (aussi à Arlon, Étalle, Bertrix, Recogne et Léglise) pour montrer leur mécontentement, alors que le gouvernement wallon se réunissait pour finaliser son plan stratégique "Politique Agricole Commune 2023-2027" et donc, trouver un accord pour les cinq prochaines années.
Concrètement, ce que regrettent les agriculteurs, c'est que seulement 20% des terres servent à produire des aliments d'origine végétale pour les Wallons. Ils demandent à être accompagnés pour devenir plus autonomes. Selon l'association Nature & Progrès, ils souhaitent donc une PAC de transition qui comprendrait notamment "l'obtention de 30% de bio en 2030, le soutien financier aux éleveurs en transformant progressivement les primes au bétail vers une prime à l'herbage ou encore ramener 10% d'espace pour la nature et la biodiversité dans les milieux agricoles et les zones de culture". Un rééquilibrage des aides en faveur des exploiteurs à taille humaine est également demandé, afin de proposer une agriculture respectueuse de l'homme et de l'environnement.
«Nous ne sommes plus compris»
Daniel Debarsy, agriculteur à Bertogne dans le secteur viandeux et responsable de la locale de la FWA à Bastogne, explique que la situation est difficile pour lui. " Nous sommes pour l'écologie, mais pas à n'importe quel prix, affirme-t-il. On nous pousse à ne plus produire sauf que si on ne produit plus, la rentabilité de nos exploitations sera mise en difficulté et donc, l'alimentation pour tous également. Aujourd'hui, on a peur. Que va-t-il se passer ensuite? On va importer l'alimentation. On va avoir un problème d'approvisionnement, de qualité et de prix. Nous sensibilisons les citoyens afin qu'ils se rendent compte que si on arrête la production ici en Wallonie, ce sera un problème pour eux aussi. C'est quand même dommage que l'on doive se rendre une nouvelle fois dans les rues pour se faire entendre."
Les agriculteurs craignent pour l'avenir. Daniel Debarsy détaille: "La PAC est revue tous les cinq ans et remise à zéro alors que nous, nos emprunts sont échelonnés sur vingt ou vingt-cinq ans. On a l'impression que nous ne sommes plus compris. Cela décourage également les jeunes qui ne veulent plus reprendre les exploitations. Très peu d'entre eux s'investissent parce qu'ils n'ont plus confiance en l'avenir, il faut leur redonner cette confiance! Tout le secteur est dans le collimateur, que l'on soit dans les céréales, la culture pommes de terre, le secteur laitier ou viandeux. Tout le monde est dans le même bateau."
La pétition proposée aux automobilistes hier a reçu un grand nombre de signatures. Grâce à celles-ci, les agriculteurs pourraient bien bénéficier d’une audience au Parlement wallon.