La République tchèque et l’assassinat d’Heydrich au Bastogne War Museum en 2022?
Une délégation du Bastogne War Museum a passé deux jours en République tchèque, dans le cadre d’un futur possible échange.
Publié le 14-12-2021 à 06h01
La réputation du Bastogne War Museum (BWM) dépasse bien nos frontières, jusqu’aux États-Unis, évidemment, et, plus surprenant peut-être, en République tchèque.
Les autorités de ce pays, marquées par les horreurs nazies et bien conscientes du devoir de mémoire, ont ainsi invité une délégation du musée bastognard à se rendre à Prague et à Pilsen, en vue d’une future collaboration. Leur but, amener une exposition temporaire, abordant l’un des grands faits d’arme de la résistance tchèque, au Bastogne War Museum. Et ce dans le cadre d’une série d’événements organisés en vue de la présidence du Conseil de l’Union européenne par la République Tchèque, au second semestre 2022.
Un attentat devenu un film
Ce fameux fait d’arme, c’est l’assassinat du dignitaire nazi Reinhard Heydrich, le 27 mai 1942: l’opération Antropoid. Bras droit d’Heinrich Himmler et vice-gouverneur de la Bohême-Moravie, le SS était alors une figure des nazis. Un attentat qui ne s’est pas passé comme prévu, tout en atteignant son but. Avec des répercussions ignobles, un village rayé de la carte et un combat final dans la crypte d’une église, qui en garde toujours les traces. C’est sur les pas de cet événement historique, dont la portée dépassait de loin les frontières tchécoslovaques et qui a fait l’objet d’un film en 2018, que la délégation du BWM (composée du directeur Mathieu Billa, de son historien Pierre Lhote et de Michel Staes, membre du comité d’administration) a marché en début de semaine dernière, durant deux jours. Accompagné par des membres de l’Association de la légion tchécoslovaque (dont un historien), en charge d’organiser la collaboration, le trio est venu sur les lieux de l’attentat à Prague, reconnaissable par deux monuments et un panneau explicatif. C’est en rue, après un tournant serré, que deux résistants tchèques (Jozef Gabcik et Jan Kubiš) ont attaqué la voiture du dirigeant nazi. Quelques semaines avant, sept Tchécoslovaques avaient été parachutés près de Prague, en provenance de l’Angleterre qui organisait cette mission. Ils avaient pris le soin d’étudier son itinéraire habituel et d’établir un plan précis. Mais le pistolet-mitrailleur de Gabcik s’est enrayé alors qu’il était devant la Mercedes du dirigeant nazi! Kubis a alors lancé une grenade anti-char qui a explosé près du véhicule, détruisant la roue arrière droite. Reinhard Heydrich était toujours conscient, mais blessé par un fragment métallique venu se loger dans son dos. Il décède le 4 juin d’une septicémie, causée par les crins de la sellerie de son siège.
À l’assaut d’une crypte
Les représailles des nazis sont hors normes, Parmi leurs actes ignobles, ils détruisent et rasent entièrement le village de Lidice. Les 173 hommes du village âgés de plus de 15 ans sont exécutés alors que 184 femmes et 88 enfants sont déportés ou placés dans des familles SS pour certains jeunes. Un massacre arbitraire, nourri par de fausses preuves. Le village a été reconstruit à quelques pas de là. Et l’endroit originel, une plaine verte et vide à l’exception de plusieurs monuments, est un mémorial que la délégation bastognarde a visité, avec émotion. Le silence est parfois plus pesant que des mots.
Parmi les nombreuses visites (de musées, monuments et de l’exposition concernée), les Bastognards, toujours entourés par des Tchèques accueillants, sont également allés à l’église Saint-Cyrille-et-Méthode à Prague. C’est là que les sept Tchécoslovaques de l’opération Anthropoid ont rendu leur dernier souffle. Retranchés dans la crypte de l’église alors qu’ils avaient été trahis par un compatriote résistant, ils ont fait face aux assauts, entre tirs, explosifs et même au gazage par une fenêtre toujours présente. Avant de se donner la mort.
C’est cette histoire, avec bien plus de détails, d’illustrations et d’objets, que vous pourrez peut-être découvrir au Bastogne War Museum durant l’année 2022, année qui verra également l’ouverture de l’extension du musée.
Car l’accord et des détails doivent encore être négociés, également avec Tempora et la Ville de Bastogne, pour confirmer la venue de cette exposition (qui pourrait aussi se tenir à la cité Miroir à Liège au même moment). Bastognards et Tchèques se sont en tout cas quittés ravis de ces échanges instructifs.