Gaspard: "Ce break m’a été bénéfique"
Sixième de l’Euro sur 50 brasse et nouvelle détentrice du record de Belgique, Florine Gaspard peut nourrir de belles ambitions.
Publié le 12-11-2021 à 06h00
L’air de la Russie lui a particulièrement bien réussi. Alors qu’elle se rendait à Kazan avec l’objectif d’atteindre si possible une demi-finale, Florine Gaspard s’est offert une 6e place européenne sur 50 m brasse, deux records personnels et, surtout, un record de Belgique, propriété depuis 2015 de Fanny Lecluyse, finaliste olympique cet été. Lors de ces championnats d’Europe en petit bassin, la Bastognarde n’est pas seulement entrée dans l’histoire de la natation belge, elle a aussi pleinement validé son choix de changer d’encadrement quelques mois plus tôt. De passage sur ses terres natales cette semaine, afin de disputer les championnats nationaux avant son retour à Marseille, la nageuse ardennaise, qui fêtera ses 20 ans le 28 décembre, s’est confiée sur les mois particuliers qu’elle vient de vivre. Et sur son avenir aussi.
Florine, ce record sur 50 m brasse, c’est une réelle surprise ou vous nourrissiez quand même un petit espoir de l’améliorer?
À plus long terme, oui, mais jamais, je n’ai imaginé de le battre déjà cette année. Je savais que j’étais en forme, mes chronos à l’entraînement en attestaient, mais je n’étais pas spécialement préparée pour cet Euro, je n’avais pas programmé d’affûtage. Et en plus, je n’ai repris les entraînements à Marseille que depuis deux mois. Mon chrono et ma demi-finale sur 100 brasse m’ont mise en confiance pour le 50, mais de là à battre le record national… Pour tout vous dire, je ne savais pas que c’était un record. J’étais déjà très contente d’être descendue sous la barre symbolique des 30 secondes et c’est Brigitte Becue (NDLR: l’ex-brassiste, multiple médaillée européenne, était présente dans l’encadrement d’un nageur) qui me l’a appris un peu plus tard.
Après ce record en demi, avec le 4e chrono des qualifiées à la clé, vous terminez 6e de la finale. Sans regret?
Non, aucun. Il ne faut pas oublier qu’à la base, je n’avais que le 23e chrono des engagées et je savais que certaines qui étaient derrière moi en demi pouvaient nager plus vite.
Avec votre chrono des demies, vous auriez pris quelle place en finale?
La deuxième… Mais je n’ai même pas envie d’y penser. Il y a la fatigue des jours précédents, le fait que j’ai eu du mal à trouver le sommeil après mon record. C’était logique que j’aille moins vite. Je le répète, pas le moindre regret. Je suis très heureuse et je me souviendrai longtemps de cette semaine à Kazan.
Vous avez le sentiment d’y avoir franchi un palier?
Surtout mental. Avant, je stressais énormément en compétition. Là, je me suis dit que je n’avais rien à perdre, deux mois seulement après ma reprise. J’y suis allée pour prendre du plaisir, très positive dans ma tête, et ça a joué sur mes performances.
C’est déjà un effet de votre changement d’encadrement?
Oui, je pense. À Kazan, les entraîneurs du club m’appelaient et me soutenaient tous les jours. Ils sont sans cesse positifs dans leurs discours.
«J’ai besoin de sentir ce soutien»
Et la méthode, elle a changé?
Oui. Déjà parce que j’ai une séance hebdomadaire en plus (NDLR: 10 séances dans l’eau en plus de la musculation). Et c’est plus intensif. Je m’entraîne avec trois garçons qui sont tous plus rapides que moi; je dois donc m’accrocher pour les suivre. C’est plus dur qu’à Liège. Dans la façon de s’entraîner, la manière d’enchaîner les séries, il y a aussi quelques petites différences, mais ce serait trop long à détailler. Avec tous ces changements, je ne savais pas si ça allait marcher. Maintenant, j’ai la réponse.
Avec le recul, vous vous dites que tout aurait pu s’arrêter au printemps dernier? Et que cela aurait été un gros gâchis?
Non, parce que tout était clair dans ma tête; il n’a jamais été question d’un arrêt définitif parce que j’ai un objectif en tête, les JO de Paris, et j’ai bien l’intention de l’atteindre. J’avais simplement besoin d’une pause, qui m’a notamment permis de bien finir ma première année d’études d’institutrice. Mais j’ai continué à faire de la préparation physique, presque tous les jours, à nager aussi, deux fois par semaine pour garder les sensations. C’était seulement un break et il a été bénéfique.
Break physique ou mental?
Les deux, je crois. J’avais besoin d’autre chose.
Vous parliez de l’atmosphère positive au club de Marseille, c’est cela qui vous manquait au centre d’excellence francophone?
Sur la fin, oui. J’ai besoin de sentir ce soutien.
Comment s’est passée votre intégration à Marseille?
Parfaitement. Bien intégrer les nouveaux fait partie des priorités du club. Le groupe m’a bien accueillie, c’est comme une petite famille.
Le club phocéen compte plusieurs sélectionnés olympiques, comme Marie Wattel ou Mehdy Metella, cela ne vous a pas impressionnée?
Non, parce que j’étais déjà venue faire un test en juillet; j’avais eu l’occasion de faire un peu connaissance.
Le crawl aussi, pour le relais belge
De Marseille à Paris et à ses Jeux, le raccourci est vite fait, même si le chemin est encore long. Vos récents résultats augmentent logiquement vos espoirs d’une qualification?
Ils me donnent confiance, bien sûr, mais je ne me projette pas encore trop. Notamment parce que les minima pour ces Jeux ne sont pas encore connus
Le 50 m brasse n’est pas inscrit au programme des Jeux. Or, vous donnez l’impression d’être plus à l’aise désormais sur 50 que sur 100. Est-ce embêtant?
Non, pas du tout. Parce que ce n’est qu’une impression. Il faut plus de temps pour s’entraîner sur 100 m et après deux mois d’entraînement, il est logique que je sois plus performante sur 50. Je ne m’inquiète pas pour ça. Je continue à bien me préparer pour le 50 comme pour le 100 brasse. Et sur le 100 m nage libre aussi.
À ce propos, Fabienne Dufour nous avait confié, il y a quelques mois, que vous étiez sans doute, vu votre morphologie, davantage taillée pour le crawl que pour la brasse…
Elle a peut-être raison. En fait, je me suis orientée assez naturellement vers la brasse quand j’étais jeune, j’ai performé dans cette discipline et j’ai persévéré. Mais le crawl est important si je veux gagner une place dans le relais belge. En outre, quand je suis arrivée à Marseille, mes entraîneurs m’ont dit que j’allais nager davantage le crawl. Ça tombe bien, c’était mon souhait aussi…