Clara Lambert, Bastognarde devenue danseuse professionnelle: «Le talent, mais surtout un réseau»
Originaire de Bastogne, Clara Lambert vit à présent sa passion pour la danse de manière professionnelle. Un métier difficile.
Publié le 03-02-2021 à 06h00
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Clara Lambert, comment une jeune Bastognard devient-elle responsable d’une troupe de danse à forte connotation française?
Au départ, une petite fille rêve de faire de la danse. Je suis alors rentrée à l’académie à Bastogne à l’âge de 7 ans. Cela m’a plu; j’ai vraiment accroché. À 17 ans, j’ai décidé d’en faire mon métier et j’ai décidé de partir à Paris. Si c’est pour en faire sa profession, autant aller au cœur d’un endroit où des choses se passent. J’ai suivi des cours dans une école de formation et j’ai donné des cours. Après trois ans, je me suis rendu à Londres durant quelques mois et j’y ai découvert la comédie musicale. J’ai alors voulu m’engager dans le chant et la comédie. J’ai poursuivi ma formation au cours Florent. Je suis professionnelle depuis l’an dernier dans différentes troupes.
Et vous avez fait le pas de monter votre propre compagnie.
On a tous des moments où on se pose beaucoup de questions sur son avenir, sur son envie de poursuivre sur cette voie. J’ai alors voulu faire un pas pour aller vers la création, avec l’envie de rassembler d’autres artistes autour d’un projet commun. Et je dois avouer que cela m’a rendu l’envie de danser.
Le monde des danseurs et danseuses, comme celui d’autres artistes (musiciens, chanteurs, comédiens) n’est pas évident. Comment sortir du lot?
C’est vrai que c’est chaud. On se retrouve à des auditions qui rassemblent entre 80 et 800 personnes pour dix places. Tu peux être un très bon danseur, mais il faut du réseau. Et, quand tu viens de Bastogne, ce n’est pas le plus facile. Mais il faut aller de l’avant. Avec la troupe, je peux compter sur des supers artistes qui ont chacun leur spécificité et se dévoilent parfois. Léa n’avait jamais proposé de chorégraphie, mais s’est révélée.
Le confinement n’est pas tombé au bon moment pour vous?
Nous avions débuté ce spectacle ici à Bastogne avec deux salles combles. C’était un vrai bonheur. D’autres dates se profilaient et puis tout s’est arrêté. Maintenant, c’est difficile de trouver des programmateurs qui osent signer des spectacles. En danse, c’est encore plus compliqué. Toutefois, je me pose beaucoup moins de questions à présent que la troupe est lancée. Je n’ai pas arrêté de travailler car il y a l’administratif, le travail pour affiner le spectacle, notamment au niveau des lumières.
Comment voyez-vous la suite?
Nous avons réalisé une captation vendredi et nous espérons trouver des vecteurs pour le présenter. On recherche vraiment des fonds pour payer les artistes. On a déjà une date le 1er avril à Habay. On espère aussi jouer pour un public scolaire, des élèves à partir de 15 ou 16 ans qui peuvent être touchés par la thématique proposée dans le spectacle (le genre). Et puis on réfléchit déjà un nouveau spectacle pour le mois de janvier 2022. Ce sera toujours une thématique en lien avec des questions de société, un spectacle qui permettra à nouveau la réflexion.
De la danse, pour tous les genres
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Un texte d’Armel Job ouvre le spectacle. Un premier passage prenant, où le comédien est rejoint petit à petit par des danseurs qui intensifient l’émotion du texte. La valse des corps: masculin ou féminin, féminin ou masculin, finalement on ne sait pas et est-ce important? Des relations toxiques, des relations entre un fils qui n’a pas su tout dire à son père. Et puis un peu de légèreté avec un tableau plus chaud en prenant la direction du Cabaret.
La compagnie Egrégore est actuellement en résidence au centre culturel. Cette troupe créée par la Bastognarde Clara Lambert propose à travers son premier spectacle «Confusion de genre» une réflexion sur le genre.
Présentation. Depuis la nuit des temps, l’homme et la femme constituent les deux moitiés de l’humanité, à la fois si différentes mais tellement complémentaires. Au-delà des attributs physiques et biologiques inhérents à leur sexe, ils possèdent des caractéristiques sociales, psychologiques ou encore économiques propres à chacun, et c’est en cela que les genres se distinguent. Un homme doit être fort, courageux, doit subvenir aux besoins de sa famille et ne jamais montrer ses émotions. Une femme doit être douce, aimante, maternelle et ne pas se montrer trop intelligente. Mais que se passerait-il si ce n’était pas le cas? Ces stéréotypes nous condamnent-ils à la place attribuée à notre sexe?
«Le spectacle ne donne pas de réponse, précise Clara Lambert. On ouvre la main pour proposer une réflexion. On a par ailleurs décidé de varier les musiques pour tenter de toucher un maximum de personnes. Et les textes d'Armel Job peuvent apporter un déclic.»
«La différence physique des danseurs permet aussi une identification pour tout le public, précise encore la danseuse Maëlle Hubin. Certains seront aussi plus touchés par tels ou tels tableaux, mais tout le monde pourra s'y trouver, même ceux qui ne sont pas férus de danse.»
Frustrés de l'absence du public, les danseurs attendent avec impatience d'en retrouver le plus rapidement possible. «Il nous reste des braises qui ne demandent qu'à trouver quelques applaudissements pour s'enflammer», conclut la danseuse et chorégraphe Léa Bartlet.
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