Bastogne: un éducateur spécialisé accusé d’attouchements
Un éducateur spécialisé est accusé d’attentat à la pudeur sur une jeune femme qui fréquentait le centre Andage, à Bastogne.
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Publié le 12-10-2018 à 06h00
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«Je me pose cette question depuis un an et demi, depuis que l'affaire a éclaté», déclare à la barre un éducateur spécialisé. Il est accusé d'attentat à la pudeur sur une jeune femme de 28 ans, porteuse de handicap, qui fréquentait à l'époque le centre Andage, à Bastogne. L'éducateur nie les faits qui lui sont reprochés et ne comprend pas pourquoi il est la cible de telles accusations.
L’affaire passait ce jeudi matin pour la première fois devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau. Une affaire qui a éclaté en juin 2017 et qui a été relayée dans les médias en automne de la même année. Les parents, scandalisés d’apprendre que leur fille était écartée du centre à cause de la plainte déposée, avaient rendu l’affaire publique.
Jeudi, l’éducateur, qui travaille depuis plus de 30 ans au centre sans avoir rencontré de problème, a été questionné par la présidente du tribunal, Carine Thomas. Elle a rappelé que ce qui est reproché à l’éducateur n’a rien à voir avec le fonctionnement de l’institution.
L’éducateur est accusé d’attouchements sur la jeune femme. On parle notamment de mains sur la poitrine. Lui, nie tout en bloc.
«Un baiser franc»
De l’enquête et des nombreux témoignages, il ressort à la fois que personne n’imagine la jeune femme, âgée maintenant de 29 ans, mentir et que personne n’imagine l’éducateur commettre de tels actes.
Un seul témoignage diverge. Il s'agit d'une personne qui raconte avoir vu l'éducateur embrasser la jeune femme. Dans son audition, le témoin parle même d'un «baiser franc».
À cela, l'éducateur répond «que le centre est une ruche. Cette personne dit que cela s'est passé dans la cage d'escalier. Là, tout le monde passe. Non. Est-ce qu'il a bien vu? Est-ce qu'il a bien interprété?»
Le tribunal a décidé de convoquer ce témoin, pour l’entendre sous serment. Il pourra par ailleurs être interrogé par les deux parties.
En attendant, la présidente Carine Thomas poursuit ses questions. Au centre, des collègues de l’éducateur disent qu’il avait une relation privilégiée avec la jeune femme. Là aussi, il nie.
«Que pensez-vous des déclarations de la jeune femme?, poursuit Carine Thomas. Elle semble attachée à vous. Elle ne retire aucune conséquence positive de sa plainte. Que du contraire, elle ne peut plus aller au centre. Pourquoi aurait-elle dit cela si ce n'est pas vrai? »
«Je n'en sais rien, répond l'éducateur, qui en est maladie depuis que l'affaire est devenue publique. Je me pose la question depuis un an et demi, depuis que l'affaire a éclaté.» La présidente insiste. « Il y a peut-être une certaine jalousie, avance l'éducateur. C'est quelqu'un d'assez jaloux. À cette époque-là, je m'occupais beaucoup d'une bénéficiaire qui allait entrer en appartement.»
Incapable d’inventer
Une interprétation qui ne colle pas avec les dires de l'ancien médecin généraliste et ancien voisin de la famille. Il a été entendu comme témoin. D'après lui, l'état mental de la jeune femme ne lui permet pas «d'inventer quelque chose qu'elle n'a pas vécu.»
Quand la maman s’est rendu compte que le comportement de sa fille était étrange, elle l’a poussée à lui raconter ce qui n’allait pas. Elles se sont ensuite rendues chez le médecin généraliste, un homme en qui la jeune femme a confiance.
Lors de l'enquête, celui-ci a déclaré se souvenir que la jeune femme avait parlé «d'attouchements sur la poitrine, que l'éducateur l'avait isolée dans une chambre à l'étage et lui avait demandé de ne rien dire.» Il confirme ses dires devant le tribunal.
L'éducateur, au contraire, déclare qu'il ne s'est jamais retrouvé seul avec la jeune femme. « Sauf une fois, mais dans une pièce où la porte est vitrée et transparente.»
La prochaine audience a été fixée au 13 décembre. Le témoin qui dit avoir vu l’éducateur embrassé la jeune femme sera entendu.