Peut-être y a-t-il encore de l’espoir ?
Tchatche avec l’écrivain Alain Bertrand,après avoir savouré son dernier roman, « Le Laitde la terre ».
Publié le 14-02-2012 à 07h00
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La collection Plumes du Coq des éditions Weyrich (partie sur une belle lancée), vient de sortir le dernier roman d'Alain Bertrand (Bastogne), intitulé « Le Lait de la terre ».
Un roman en vingt et un petits chapitres, dédié « à ceux qui veulent vivre ». Le sujet ? La reconversion d'un homme qui ne veut plus marcher droit sur les mêmes routes (un professeur de français), l'invitation à la campagne, la révolte des paysans, l'amour.
En trois mots. Charles, professeur de français, croit trouver dans son exil à la campagne, une herbe d'une autre couleur. Tour à tour, il devient éleveur d'escargots, « testeur » de yoghourt made in bio, défenseur de la cause paysanne, professeur écouté et… amoureux. Il admire le cran d'Irène, la belle fermière cultivée et cultivant, poussant à la presque fronde.
Jusqu’au jour où des millions de litres de lait sont déversés sur les champs (une ancienne actualité, vous remémorerez-vous).
Dans « Le Lait de la terre », la campagne est profonde. Souvent indomptée. Pour le plaisir: « La Gaume est une fille de joie adossée à l'Ardenne boisée. Elle a de jolies feuilles de vigne et tend ses collines vers le Sud, en agitant un drapeau bleu, blanc, rouge. Le genou troussé, un talon à plat contre l'écorce, la belle a la cuisse tiédie par un soleil qui cligne de l'œil tous les jours de l'année ». Le style ici cligne de l'œil aux papiers chroniqués et langagiers que l'on affectionne chez Alain Bertrand: poétique, métaphorique, alerte et parfois piquant. À la fin du récit, on entre pourtant dans un monde plutôt réaliste, témoignant de la lutte des métiers, illustrant la solidarité sociale. Peut-être y a-t-il encore de l'espoir, semble nous murmurer Alain Bertrand, entre les lignes.
Il campe une histoire simple, in fine. Un homme « change de vie » et espère fendre l'horizon de certaines de ses utopies. Une forme d'exil. Le sens visuel de certaines scènes, sans fioriture, concourt à donner au récit toute son ampleur.
Alain Bertrand envisage sans doute le « voyage initiatique », le changement de direction vital de Charles, son personnage principal, comme le trajet d’un homme vers lui-même. Finalement, quelle est encore notre emprise sur notre vie ? Notre société bout. À gros bouillons. Le besoin de certains d’entre nous de vivre autre chose également. Peut-être déjà en commençant par la littérature ?¦
Alain Bertrand, « Le Lait de la terre », éditions Weyrich, collection « Plumes du Coq », 160 pages, 14 €.