Aides agricoles, aides déloyales
Le lundi 16 novembre, le CIEP organise à Bastogne une conférence sur l'échec de l'agriculture ultralibérale. Rencontre avec Patrick Laureys.
- Publié le 13-11-2009 à 10h00
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Patrick Laureys, vous êtes l'auteur du livre « Changer le modèle agricole en Wallonie ». L'agriculture dans nos régions est-elle déjà en mort clinique ? Y a-t-il des voies à exploiter pour lutter contre le libéralisme qui la fragilise ?
Oui, elle est cliniquement morte, sauf que la question agricole devient pour une majorité de citoyens un combat pour assurer à la Wallonie un réel développement durable, n'oublions pas que l'agriculture gère 45 % du territoire wallon, que ces territoires regorgent d'un potentiel irremplaçable pour créer des échanges économiques à partir de ressources renouvelables : pour l'alimentation de la population, la production d'énergie, d'isolants écologiques d'emballages biodégradables etc.
Les aides diverses venant de l'Europe sont-elles un bien ou un emplâtre sur une jambe de bois ?
Ces aides agricoles entraînent une concurrence déloyale entre agriculteurs européens. La répartition des aides est totalement inéquitable. De plus, elles ne conduisent pas à de véritables régulations des marchés de produits alimentaires. Ces aides, critiquées par l'organisation mondiale du commerce (OMC) pour raison de concurrence internationale, mettent les autorités politiques européennes dans une position à la fois de soumission à l'OMC tout ne tenant un discours contradictoire sur la souveraineté alimentaire, le développement durable, objectif à atteindre pour chaque peuple de la planète.
La régulation n'est-elle pas un aveu d'échec d'une bonne gestion du monde agricole ?
Nous aurons l'occasion ce lundi 16 à Bastogne de nous mettre d'accord, nous, citoyens et agriculteurs, de ce que devrait être une véritable régulation des marchés de produits agricoles. Le libre-échange dans le domaine agricole est impossible, nous le démontrerons ce soir-là, et nous esquisserons un projet de restructuration de l'agriculture wallonne à partir de mécanismes de régulation de marchés. L'enjeu de la soirée sera de débattre de cette perspective et de tracer ensemble, agriculteurs et citoyens, les étapes pour arriver à rétablir en Wallonie une agriculture familiale viable économiquement et compatible avec le développement durable.
Comment l'agriculture belge et européenne peut-elle s'en sortir ? La qualité ? Le bio ?
La première étape c'est que les Wallons décident d'enclencher un grand plan de restructuration de leur agriculture dont un des aspects sera la qualité des produits wallons, le bio, mais nous verrons que, lorsque l'industrie et la grande distribution parlent de qualité et de bio, nous ne parlons pas de la même chose. Ce n'est que lorsque nous aurons commencé à concrétiser cette restructuration que nous pourrons interpeller nos voisins flamands les autorités belges et européennes. Mais nous verrons, lundi soir, que les contradictions dans lesquelles se trouvent les autorités européennes seront des éléments en notre faveur.
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