Le conflit social chez Scott va-t-il s’envenimer à Athus ? La CSC a lancé "un avertissement"
La direction ne respecte pas la convention collective concernant le pourcentage d’intérimaires. Le délégué syndical paye les pots cassés de son action.
Publié le 25-05-2023 à 19h22 - Mis à jour le 25-05-2023 à 19h23
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Jeudi matin, un bus en provenance de Charleroi s’est arrêté devant l’entreprise du SSG (Scott Sports Group), à Aubange. Michel Gretzer, le permanent régional de la CSC Transcom (Transports et communication) était accompagné par une quarantaine de militants qui ont installé une tente devant l’entrée du parking de l’entreprise.
Scott Sports est une entreprise suisse, un des leaders mondiaux, spécialisée dans le vélo, le ski, le running et la moto. La logistique du groupe, initialement installée dans le Brabant flamand à Londerzeel, a déménagé en 2005 à Aubange pour se rapprocher du terminal ferroviaire d’Athus qui permet à ses containers d’arriver directement, en évitant le ring de Bruxelles qui provoquait des retards de livraison. L’entreprise est installée sur une superficie de 27 000 m² sur le Pôle Européen de développement. Elle envisage de s’étendre dans le futur, disposant d’un potentiel de 51 000 m². Elle emploie près de 120 travailleurs, dont 65 bénéficient d’un CDI.
Un préavis de grève ?
Les syndicalistes n’ont pas bloqué les accès aux voitures et aux marchandises. "Nous sommes venus pour prévenir la direction que cette première action n’était qu’un avertissement. Si nous ne sommes pas entendus, nous serons de retour la semaine prochaine, pour durcir notre mouvement, annonce Michel Gretzler. Ce qui se passe n’est pas normal. Nous avons pu échanger quelques mots avec le directeur quand il est arrivé ce matin. Il nous a dit qu’il s’adresserait à notre délégué au sein de l’usine pour nous faire part de sa position."
Le conflit, latent depuis plusieurs mois, peut être scindé en deux. "Près de la moitié des travailleurs sont des intérimaires ou des CDD, note le dirigeant syndical. C’est contraire à la Convention collective de travail qui fait force de loi. Nous pouvons comprendre qu’un nombre raisonnable de travailleurs soit des intérimaires pour disposer d’une certaine souplesse organisationnelle, mais pas dans de telles proportions. Certains intérimaires travaillent dans l’entreprise depuis deux ans et on leur propose un nouveau CDD de six mois. Malgré nos demandes et ses obligations légales, SSG est le seul employeur qui nous pose ce type de problème dans toute la Wallonie."
Le deuxième point concerne le délégué syndical CSC qui représente un syndicat nettement majoritaire dans l’entreprise. Il pense avoir été pris en grippe par la direction de l’entreprise. Il se plaint d’intimidations, mais aussi du refus de la direction de lui payer son salaire garanti suite à un arrêt maladie. Les représentants des travailleurs ont l’espoir que les problèmes soient vite réglés, mais sont déterminés à mettre en place des actions radicales si la situation n’évolue pas. "C’est dommage d’en arriver là, regrette le délégué syndical. L’entreprise fonctionne bien, avec de bonnes perspectives, l’ambiance au travail est bonne, mais la direction refuse de respecter ses obligations et on me pénalise parce que je suis l’empêcheur de tourner en rond."
"Un marché instable qui incite à la prudence"
Jean-François Thiry est à la tête de Scott Aubange depuis 8 ans. "Notre entreprise est confrontée à des pics saisonniers, ce qui rend indispensable l’engagement d’intérimaires, explique-t-il. De plus, le marché du vélo, notre principale activité, a été chamboulé avec le Covid. La vente a explosé pendant le confinement. Mais aujourd’hui que les chaînes de fabrication tournent à plein régime, le marché s’effondre logiquement. Il faudra du temps pour se stabiliser. Cela incite à la prudence."
La convention collective n°108 oblige l’employeur à rencontrer les délégations syndicales une fois par mois. L’employeur doit obtenir l’accord des deux délégations syndicales pour engager des intérimaires. La FGTB marque son accord, pas la CSC. Concernant la transformation de contrats CDD en CDI, M. Thiry précise : "Nous formons nos employés de A jusqu’à Z, pour pouvoir disposer d’un personnel stable et de qualité. Quand nous sommes satisfaits d’un employé, nous lui proposons de renouveler son CDD. Après deux ans, la loi nous impose de lui offrir un CDI. La CSC voudrait accélérer l’octroi des CDI, ce que je peux comprendre. Mais cela représente une forme de discrimination par rapport à ceux qui ont attendu deux ans pour l’avoir."
Reste le problème des trois jours d’indemnités de salaire garanti du délégué syndical. "Nous ne faisons qu’appliquer la loi, se justifie M. Thiry. Là aussi, il s’agit d’une volonté de notre part de ne pas poser de problème de discrimination vis-à-vis d’autres de nos employés à qui nous avons toujours appliqué les mêmes dispositions. Nous voulons être justes."