Trois ans et deux ans de prison requis contre deux maquerelles d’Athus
Traite d’êtres humains ou prostitution organisée entre copines ? Une femme est accusée d’avoir tenu un bordel à Athus.
Publié le 10-05-2023 à 20h16 - Mis à jour le 10-05-2023 à 20h18
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Mercredi matin, le juge Jean-Paul Pavanello a longtemps cuisiné une femme de 30 ans, domiciliée à Athus, mais actuellement détenue à la prison de Marche depuis fin novembre 2022. Elle est poursuivie pour traite d’êtres humains et les avoir recrutés, transportés, accueillis et exploités à des fins d’exploitation de la prostitution. Son associée présumée, une dame de 35 ans, est poursuivie pour les mêmes préventions.
Les deux dames reconnaissent sans ambages qu’elles s’adonnent à la prostitution pour subvenir à leurs besoins financiers. Le juge a cherché à faire avouer à la première prévenue qu’elle était à la tête d’un réseau international. Elle a rétorqué qu’elle partageait la maison qu’elle louait avec sept copines qui lui rétrocédait une partie de leurs recettes (30%) pour subvenir aux frais de location et de publicité, qu’elle tenait les comptes administrativement, mais que ses seuls bénéfices venaient de ses passes personnelles.
Le juge et le ministère public représenté par le substitut du procureur du roi Julien Docquier sont persuadés du contraire, comme en attestent les carnets de compte, l’analyse de la téléphonie mobile, les versements réguliers envoyés à sa famille et la villa qu’elle s’est offerte en Espagne.
Les deux prévenues n’en ont pas démordu, persuadées que ce qu’elles appellent des services, sont exercés dans le cadre d’un métier qu’elles assument: "C’est notre travail, nous ne faisons rien de mal et aucune des autres filles ne nous accuse de les avoir maltraitées". Pour rappel, la prostitution n’est pas punissable aux yeux de la loi.
"Une loi hypocrite"
Le substitut Julien Docquier estime que les prévenues nient l’évidence. "Je conçois que la prostitution soit un métier difficile, admet-il, mais nous sommes ici en face d’une personne qui ne se prostitue pas et qui exploite les autres en leur prenant 20 000 € par mois, c’est inadmissible." Il a sévèrement requis trois et deux ans de prison pour les deux prostituées avec des amendes respectives de 120 000 et 80 000€, plus la confiscation de 3 768 €, d’une dizaine de GSM et le portable saisis lors de la perquisition.
Du côté de la défense, trois avocats se sont succédé. Me Dimitri De Coster a plaidé avec beaucoup de colère, d’abord contre une loi hypocrite, ensuite contre les peines réclamées par le ministère public: "Le législateur permet la prostitution qui existe depuis la nuit des temps, mais il punit son exploitation. C’est tellement hypocrite ! Dans l’affaire qui nous occupe, il y a une volonté d’organiser la prostitution dans des conditions sanitaires correctes, sans aucune contrainte ni aucune exploitation malsaine des filles. On se cache derrière une loi absurde, pour donner des leçons de morale. Les peines réclamées sont complètement disproportionnées. C’est condamner ma cliente à une mort professionnelle. Je demande de limiter sa peine au minimum prévu par la loi: six mois de prison et 208 € d’amende."
Le jugement sera rendu le 24 juin.