La Ville d’Arlon en recours contre Vivalia: "un moyen de pression pour obtenir des garanties"
La Ville souhaite par ce biais obtenir que l’hôpital d’Arlon devienne à minima un hôpital de jour médical et chirurgical.
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- Publié le 01-09-2023 à 17h51
- Mis à jour le 01-09-2023 à 17h52
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Dix ans que le sujet Vivalia 2025 s’invite dans les conversations arlonaises. Le 19 juillet dernier, un arrêté ministériel a accordé le permis unique pour la construction de l’hôpital centre sud à Houdemont. Et avec lui la fermeture annoncée du site d’Arlon. "Vivalia ne se rend pas compte du séisme provoqué par la fermeture de l’hôpital", relève le bourgmestre Magnus.
Vivalia a récemment présenté aux élus arlonais son plan pour l’hôpital d’Arlon. L’objectif est d’y faire un centre de santé proposant des consultations de tous types dans un maximum de disciplines médicales.
En 2022, près de 84 000 consultations ont été effectuées au sein de l’hôpital dont 11 400 chirurgies orthopédiques, 8 400 en cardiologie, 6 600 en pédiatrie, 6 200 en gynécologie obstétrique et plus de 6 000 en endocrinologie. L’objectif à terme est que 75% de ces actes se déroulent dans un centre de proximité à Arlon.
Un hôpital de jour
Sont prévus, en plus, un centre de prélèvement biologique, une offre d’imagerie médicale (radiologie, mammographie, échographie), des postes de dialyse. Mais aussi un point PIT, un poste 1733 géré avec la médecine générale et une réflexion sur la prise en charge des soins non programmés. La liste se poursuit avec une offre de dentisterie, le déménagement du centre de médecine scolaire de la province.
Les édiles voudraient y voir également s’y développer une série de spécialisations dont une clinique des intestins. "Le collège et l’ensemble des groupes politiques souhaitent aussi ajouter un service de revalidation avec des lits hospitaliers, locomoteurs, gériatriques. Cela nous semble indispensable. Tout comme un hôpital de jour médical et chirurgical. L’objectif est toujours le même: avoir des soins de qualité pour nos citoyens. Sur le site de l’hôpital et pas ailleurs ! Je serais très déçu si le CA de Vivalia n’allait pas vers cette solution."
Moyen de pression
Le recours introduit l’est à titre conservatoire "pour préserver nos droits. Aller à cette négociation plus forts. Ce recours peut être retiré à tout moment. Nous ne souhaitons qu’une chose: arriver à cet accord pour Arlon", assure Vincent Magnus.
Pour apporter un éclairage juridique sur ce recours assez technique, le collège avait invité son avocat dans cette affaire. Me Bourtembourg n’y est pas allé par quatre chemins. "Si vous ne faites rien, c’est fini !" Mais quel type de recours ? Celui en extrême urgence ne se justifie pas dans ce cas. Sans dévoiler publiquement ses arguments, Me Bourtembourg opte pour le recours en suspension et en annulation. "Il faut faire ce recours avec la volonté de le gagner si une solution alternative n’est pas mise sur la table. Et la meilleure méthode pour gagner un dossier est que le conseil d’état ne soit pas amené à statuer. On pourra alors négocier des choses auprès de Vivalia, en échange du retrait du recours."
Quels médecins à Arlon ?
Me Bourtembourg estime également que prévoir un projet médical sans le présenter et le discuter avec les généralistes n’aurait aucun sens. Une perche tendue à Paul Kiamé, conseiller communal et médecin généraliste. "Vivalia va trouver où les médecins pour Arlon ? Les médecins généralistes sont déjà à bout avec les gardes. Il n’y a déjà pas assez de personnel pour faire fonctionner Arlon. Alors en plus d’Houdemont, où vont-ils trouver ce personnel ? Ça ne tient pas le coup financièrement non plus. On va vers un désert médical."
Avec son regard de médecin également, l’échevin Kamal Mitri rappelle que "l’intérêt général n’est pas pris en considération par Vivalia. Depuis 2013 on propose des alternatives laissées lettres mortes."
Une feuille A4
Matthieu Sainlez pointe le manque de transparence de Vivalia. " Tout est à l’étude. Le contenu “médical” de ces polycliniques, demandé depuis tant d’années ? Il tient en ce moment même en une page A4 ! Est-ce sérieux ?
Un premier montant d’investissement a été annoncé lors de l’AG de juin dernier: 3 443 372 € pour la construction de polycliniques à Vielsalm, Virton, Bastogne et Arlon. Un montant identique pour chaque localité, sans prise en compte, par exemple, des différences objectives de réalités foncières. Mais comment peut-on disposer avec tant de désinvolture de ces hôpitaux ? Comme de simples cases d’un Monopoly, troquant par exemple la rue des Déportés avec la Drève de l’Arc-en-Ciel ?"
Un conseil unanime
La minorité est elle aussi favorable à ce recours. "Envoyons aujourd’hui un message fort à Vivalia. Pas dans une dynamique de rancœur mais tournée vers l’avenir. Nous attendons en retour un respect de Vivalia qui doit transpercer dans les négociations", note Romain Gaudron. Jean-Marie Triffaux insiste quant à lui pour bétonner un accord et éviter un retournement de Vivalia.
La question financière se pose également. "Dans le plan financier, il y a le produit de la vente d’Arlon. Il va falloir changer ce plan et trouver un financement autre part. La seule méthode est la garantie financière. Il faut que ça coûte cher à Vivalia de ravaler la parole qu’elle nous donne", conclut Me Bourtembourg. Le recours a, sans surprise, été voté à l’unanimité.