Des proxénètes roumains organisaient des passes à l’AC Restaurant de Hondelange
Une association de Roumains organisait la prostitution dans l’hôtel AC Restaurant au-dessus de l’autoroute E411. Des peines de prison importantes sont requises devant le tribunal correctionnel d’Arlon.
- Publié le 07-06-2023 à 18h40
- Mis à jour le 07-06-2023 à 19h07
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C’est Me De Coster qui, dans sa plaidoirie, a le mieux résumé le dossier qui est passé mercredi matin devant le tribunal correctionnel d’Arlon: "C’est incontestablement un dossier qui sent mauvais, mais c’est aussi, juridiquement, une coquille presque vide au niveau des preuves."
Ils sont cinq prévenus roumains, mais seulement trois assis sur le banc des accusés. Un prévenu s’est évaporé, probablement en Angleterre, un autre est dans le public, il sera jugé séparément. Ils sont tous poursuivis, au travers d’une association, de traite d’êtres humains en favorisant la prostitution.
La police a reçu des informations comme quoi des chambres de l’hôtel AC de Hondelange (Messancy), l’hôtel qui enjambe l’autoroute E411 après la sortie Weyler, étaient louées à des Roumains et qu’un important va et vient s’y déroulait. Une filature a été mise en place. Une BMW immatriculée en Roumanie a quitté l’hôtel avec deux passagers à bord et s’est rendue à Saint-Hubert où elle s’est garée devant la maison d’une prostituée notoirement connue.
Les policiers ont sonné et tapé à la vitre, interrompant la dame dans une position équivoque avec un client. Les deux occupants de la voiture, la péripatéticienne et le client ont été interrogés, ce dernier ayant l’outrecuidance de réclamer les 500 €, vu que la prestation n’avait pas été jusqu’à sa finalité espérée. "Avec ma sœur, nous sommes amenées à l’hôtel AC où nous comptons sur dix à douze passes par jour et où nous devons remettre la moitié à nos protecteurs", explique la dame. Quelques jours plus tard, les deux prostituées se sont rendues spontanément à la police d’Arlon pour changer de version et ne plus impliquer personne.
Des instructions pour satisfaire les exigences sexuelles spéciales
Julien Docquier, le substitut du procureur du roi, n’a pas été tendre dans son réquisitoire. "Tous les prévenus vivaient exclusivement de la prostitution, affirme-il, à l’exception de la prévenue qui vivait aussi de sa propre prostitution. L’un d’entre eux a même abandonné son boulot à l’abattoir d’Anvers pour se lancer exclusivement dans cette activité très lucrative. On a retrouvé aussi des instructions dans des termes particulièrement désagréables sur la manière de satisfaire les exigences sexuelles spéciales des clients". Le ministère public a requis des peines solides allant de quatre ans à un an de prison, assorties d’amendes de 80 000 à 16 000€.
Les avocats de la défense ont eu des positions différentes. Me Xavier Koener pour le principal accusé, toujours détenu, a cherché à minimiser son rôle dans l’association, chargeant le deuxième accusé, un colosse impressionnant, d’être le véritable chef de la bande. Il a réclamé la clémence du tribunal.
M Dimitri De Coster, pour le colosse, a insisté "sur une enquête bâclée où on ne comprend rien". Faute de certitudes, il a plaidé pour un acquittement, ou, subsidiairement, pour une condamnation avec un sursis pour ce qui excède la détention préventive effectuée pendant cinq mois.
Enfin, Me Jules Carpentier, pour la femme du colosse, a rappelé que la prostitution n’était pas un délit: "Ma cliente pratique un métier difficile, qui rapporte beaucoup d’argent, mais c’est un métier légal. Elle était prostituée, elle est toujours prostituée. Point à la ligne."
Le président André Jordant rendra son jugement le 5 juillet.