Pour contrer les dealers, les parquets des 3 frontières vont collaborer davantage
Les procédures judiciaires sont souvent lourdes et complexes d'un pays voisin à l'autre. Mais les magistrats des parquets belge, français et luxembourgeois intensifient leur collaboration.
Publié le 26-05-2023 à 07h00 - Mis à jour le 26-05-2023 à 16h25
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Les activités des dealers traversent les frontières et face à ce phénomène, les parquets chargés des poursuites sont obligés de renforcer considérablement leur collaboration.
Une nécessité surtout dans la zone des 3 frontières où plusieurs dealers provenant des régions de Longwy et Thionville s’installent désormais à Athus ou Virton.
"Mais étant en séjour illégal en Belgique, ils n’ont pas de carte d’identité leur permettant d’acheter une carte prépayée pour leur portable en Belgique. On assiste dès lors à une nouvelle technique. De plus en plus, ces dealers font louer un appartement par un revendeur local belge, à Virton, à Athus ou dans la région, et en compensation, ils remettront de la cocaïne ou de l’héroïne à ce locataire qui leur rend service", explique Murielle Secret, procureur de division à Arlon et en charge des matières liées aux stupéfiants.
"Ce mécanisme a clairement été démontré tout récemment avec la condamnation, ce 22 mai par le tribunal correctionnel d’Arlon, de deux Algériens venus de France qui passaient par un complice belge louant pour eux un appartement à Battincourt. Ce dernier a pris un an de prison et a été condamné comme coauteur ", ajoute Mme Seret.
Une procédure encore trop lourde
Face à cette délinquance toujours mouvante qui franchit chaque jour les frontières, les parquets des trois pays voisins ont décidé de collaborer activement.
"On a désormais des réunions régulières avec nos homologues des parquets de Briey (F), mais aussi Luxembourg (L) et Diekirch (L). Les responsables des tribunaux de 1re instance y sont invités aussi.
Ainsi le président Dominique Gérard (tribunal d’arrondissement du Luxembourg) y était présent avec moi il y a quelque temps", commente Étienne Donnay, procureur du roi du Luxembourg.
D’autres partenariats renforcés se mettent en place aussi avec les Ardennes françaises et les autorités judiciaires de Charleville-Mézières.
C’est qu’il y a du pain sur la planche.
Et le temps de la Justice, hélas, est souvent beaucoup trop lent par rapport à celui des dealers et délinquants.
Un seul exemple, donné par le procureur du roi Donnay: "Pour un simple devoir de téléphonie, nous devons adresser à nos voisins du parquet de Briey une CRI, Commission rogatoire internationale.
Avant, pour l’audition d’un témoin juste de l’autre côté de la frontière, on pouvait se contenter d’une apostille. Il faut vraiment améliorer ces facilités d’échanges de renseignements et de services entre les trois pays voisins."