L’épicier arlonais s’est-il mis à vendre des médicaments ?
Une centaine de boîtes de médicaments a été retrouvée dans un congélateur d’un magasin d’Arlon, le Bantoum Exotique. Six mois de prison et 24 000 € d’amende ont été requis contre les gérants. Ils expliquent que ces médicaments devaient initialement être envoyés en Afrique.
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Publié le 24-05-2023 à 06h11
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Stupeur des agents de quartier arlonais lorsqu’ils ouvrent ce congélateur qui ne fonctionne plus, et qu’ils y découvrent aux côtés de produits alimentaires, une centaine de boîtes de médicaments, dont certains soumis à prescription. Pas le genre de marchandises qu’est censé vendre le Bantoum Exotique. L’épicier se serait-il substitué au pharmacien ? Nous sommes alors en avril 2020, en plein confinement, et les agents de quartier procédaient initialement à un simple contrôle Covid.
Les gérants du magasin se sont retrouvés ce mardi matin devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau. Seule madame était présente, son époux étant à l’étranger.
Elle explique que ces médicaments auraient dû être envoyés en Afrique, mais que le décès de sa belle-maman a retardé cet envoi. "On allait jeter ces médicaments, mais c’est là qu’il y a eu le contrôle", poursuit-elle.
"Parmi les substances saisies, il y a des anti-hormonaux, des anabolisants, des anti-inflammatoires. Et des médicaments périmés. Vous avez conscience que cela représente un danger ?", lui demande la juge Françoise Hertay. "Oui, oui, j’en ai conscience, répond la prévenue. Et qu’on n’a pas les diplômes pour les vendre."
La dame explique que tous ces médicaments leur ont été donnés par le médecin de famille.
Médecin qui pensait que les médicaments arriveraient à un dispensaire en Afrique, où ils seraient distribués par un médecin ou une infirmière. Apparemment, il n’y a jamais eu de contact avec un dispensaire…
Six mois de prison et 24 000 € d’amende requis
Le procureur de division Dimitri Gourdange pointe une activité de dépôt de médicaments, une exportation ou une mise à la vente dans le magasin, sans agrément pour exercer une activité pharmaceutique. Et qu’après un premier avertissement, l’agence fédérale pour les médicaments est retournée au magasin en octobre 2021, et y a notamment trouvé des crèmes blanchissantes, considérées comme des substances hormonales. Il requiert six mois de prison et 3 000 € d’amende (24 000 € avec les décimes additionnels) pour chacun des deux prévenus.
Me Kone, avocate du couple, rappelle que ces médicaments ont été délivrés par un médecin. "Aucun élément du dossier ne permet de dire que ces médicaments étaient soumis à la vente. Ils étaient dans un congélateur sur lequel il était inscrit"privé". Aucun élément ne permet de dire que des médicaments ont été expédiés au Cameroun, ou délivrés à titre gratuit."
Ce qui fait sourire le procureur. "Le congélateur était à la disposition de tous, pas dans le privé", réplique-t-il. "Et monsieur a dit que ces médicaments étaient destinés à des amis et connaissances en Afrique."
"Il n’y a pas eu de commencement d’exécution", rétorque Me Kone. Elle plaide un acquittement pour la majorité des préventions, et une suspension du prononcé pour la détention de médicaments périmés.
Le jugement sera prononcé le 27 juin.