Acquittement pour le gynécologue arlonais ?
Les trois juges du tribunal correctionnel d’Arlon se sont penchés hier matin sur le dossier d’un gynécologue de la clinique Saint-Joseph d’Arlon.
Publié le 08-02-2023 à 17h02 - Mis à jour le 08-02-2023 à 17h58
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Début avril 2015, une maman, déjà mère de trois autres enfants, s’est présentée à la maternité. La grossesse était difficile et un accouchement aurait provoqué la venue au monde d’un prématuré. Dans ce cas de figure, on ne précipite pas l’accouchement afin de laisser le bébé poursuivre au maximum sa gestation dans le ventre de la maman. Trois sages-femmes ont suivi la future maman pendant son hospitalisation qui a reçu aussi la visite de son gynécologue. La nuit du 22 au 23 avril, les choses se sont précipitées et compliquées. Les sages-femmes ont été en communication avec le gynécologue de garde. Le cœur du bébé a lâché, il est mort-né. La maman a déposé plainte contre le gynécologue pour non-assistance envers une personne en danger de mort et homicide involontaire.
Perdre son enfant, c’est ce qu’il y a de pire au monde
"Perdre son enfant est probablement la pire des choses pour une maman, admet la procureure du roi Sarah Pollet, en entamant son réquisitoire. Madame à toute mon empathie. Je comprends que dans un cas pareil, on ne parvienne plus à trouver le sommeil et que les nuits sont hantées par une question qui revienne sans cesse: Pourquoi ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?" Dans un exercice difficile, Mme Pollet, qui n’a décidé que la veille de son réquisitoire, pour se positionner, a brillamment exposé, ce que prévoient la loi et la jurisprudence dans un tel contexte. "Le rôle du ministère public est d’être le premier juge, poursuit-elle. Dans ce cas, malheureusement, vu l’absence d’autopsie qui a été refusée par la maman, on ne saura jamais la vérité. Mais en reprenant point par point la chronologie des événements et les plaçant en regard de la loi, nous devons admettre qu’il n’y a aucune preuve qui pourrait incriminer le prévenu. Même si la chambre du Conseil a estimé qu’il y avait des charges suffisantes pour renvoyer Monsieur devant un tribunal correctionnel, en mon âme et conscience, même sans invoquer le bénéfice du doute, je ne peux que demander l’acquittement."
Déception pour l’avocate de la maman, Me Jamilla Akif, mais satisfaction du côté des avocats du gynécologue, Me Marc Kauten et Isabelle Lutte. Cette dernière est spécialisée dans les expertises médicales. Elle a développé une plaidoirie très technique, alors que son confrère insistait sur le parcours de leur client: "Monsieur a commencé sa carrière en arrivant en Belgique en 2010. Il est arrivé à la clinique d’Arlon en 2011 et, malgré le choc qu’a représenté ce décès en 2015, il a gravi tous les échelons grâce à sa compétence. Aujourd’hui, il est chef du service de gynécologie. Il sera pourtant marqué à vie par ce procès."
Le président du tribunal Anthony Barbagallo rendra son jugement le 9 mars.