La fusion des hôpitaux d'Arlon et Libramont inéluctable en 2023 ?
La dramatique pénurie en personnel dans nos hôpitaux incite à des réformes. Le Dr Pierre, qui vient de quitter son poste de DG médical, préconisait la fusion des agréments d'Arlon et Libramont.
Publié le 04-01-2023 à 06h00
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L’année 2023 débute dans les hôpitaux de la province avec les priorités du moment: à nouveau plusieurs cas de patients Covid, de nombreuses grippes et des bronchiolites chez des enfants en bas âge.
Tout cela alors que les effectifs en personnel restent largement insuffisants – c’est un euphémisme – et que le personnel en place, en particulier dans les hôpitaux d’Arlon et Bastogne, travaille à flux tendu.
Les avantages d’un seul agrément
Dans ce contexte difficile, plusieurs observateurs estiment que les pénuries en personnel et l’absolue nécessité de maintenir des soins de qualité vont amener, dès cette année 2023, à des réformes indispensables au sein de Vivalia.
Car on ne pourra attendre l’ouverture de l’hôpital d’Houdemont en 2028 sans rapprocher ou fusionner des services.
Le Dr Pascal Pierre, qui vient de démissionner de ses fonctions de DG médical, a toujours prôné d’abolir la concurrence entre les sites de Vivalia. Sinon selon lui, on court droit au clash.
Alors en 2023, il va falloir que le gestionnaire incite le conseil médical du CHCA à Libramont à revoir sa copie et accepter la fusion des agréments des CSL (Arlon) et du CHCA (Libramont-Bastogne). Pour le Dr Pierre, mais aussi pour beaucoup de politiques dont le président provincial du MR Benoît Piedbœuf, cette fusion n’est pas LA solution idoine, mais une des pistes de base pour tenir correctement le cap jusqu’à Houdemont et 2028.
Dans la note qu’il avait déposée au printemps dernier et qui nous est parvenue, le Dr Pascal Pierre a expliqué qu’une fusion des deux grosses entités de Libramont et Arlon ne présenterait que des avantages: "Un conseil médical unique (qui bénéficiera d’une représentativité équilibrée), des chefs de service uniques, un budget médical unique et une mobilité intersite".
Un précédent a bien réussi ailleurs: la fusion des agréments au GHDC de Charleroi, nouvel hôpital qui doit ouvrir en 2024. Pourquoi alors ne pas réussir une telle fusion en Luxembourg ?
Trop de lits de chirurgie
Cette fusion d’agrément devra être accompagnée d’uniformisations telles un numéro de patient unique dans tout Vivalia et un nouveau dossier patient informatisé, qui facilitera tous les échanges et la collaboration entre hôpitaux, estime Pascal Pierre.
Selon lui, on ne pourra éviter de fermer et réorganiser des lits actuels: "Il vaut mieux anticiper le changement que le subir. La fermeture brutale d’une unité du jour au lendemain est une catastrophe. Il faudra nous mettre dans les conditions de Vivalia 2025 notamment au niveau chirurgical (60 lits de chirurgie classique + 30 lits de chirurgie G à Houdemont contre plus de 150 lits actuellement), mais augmentation de l’hospitalisation de jour (78 lits prévus à Houdemont)."
Des carences en personnel partout
"Plusieurs services sont au bord du point de rupture ou en grosse difficulté", écrivait déjà le Dr Pierre dans sa note en mai dernier.
La situation ne s’est pas améliorée depuis lors, hélas. Il manque toujours cruellement des neurologues dans Vivalia, des gériatres, des médecins en revalidation.
La carence en pharmaciens reste énorme. Il faudrait 40% de pharmaciens de laboratoire en plus à Vivalia.
En pédiatrie, il suffit aux CSL d’Arlon qu’une pédiatre démissionne ou ne puisse assurer la garde et c’est le service maternité qui serait en sursis.
Au total, une bonne centaine de lits ont dû être fermés aux CSL d’Arlon par manque de personnel infirmier (CSL dont le directeur médical est désormais Vincent Delrue, après le départ en retraite du Dr Pereira)
À Bastogne également, 26 lits de gériatrie et 2 lits de soins intensifs ont dû fermer par manque de personnel.
Sauver Bastogne
Cet hôpital de Bastogne, qui a fusionné avec celui de Libramont, "est en grande difficulté, tant par manque de ressources infirmières que médicales, ne cache pas le Dr Pierre . Il s’ensuit un manque d’attractivité et une perte de confiance des médecins généralistes et de la population vis-à-vis de l’hôpital de Bastogne. Seuls 50% des patients de la région de Bastogne se font soigner sur place. Malheureusement, la création de la fusion CHCA n’a pas permis d’inverser la tendance ", écrit le Dr Pierre dans sa note.
Les taux d’occupation restent trop faibles à Bastogne dans deux départements clefs que sont la chirurgie et la médecine interne.
Le service d’urgences à Bastogne reste en équilibre précaire, faute de personnel.
Le Dr Pierre préconise de créer de nouvelles unités à Bastogne, mais aussi de transformer le service SMUR des urgences à Bastogne en PIT (comme à Virton) avec uniquement un infirmier à bord de l’ambulance et plus de médecin, ce qui permettrait le gain d’une permanence médicale. Des pistes dont on aura bien sûr l’occasion de reparler tout au long de l’année.