Proxénétisme: retour de la saga des bars à champagne d’Arlon
Les bars arlonais glauques de la route de Luxembourg ont connu leurs heures de gloires et des démêlés judiciaires récurrents.
Publié le 16-01-2022 à 19h55
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Le 8 décembre dernier, le juge Jean-Paul Pavanello a prononçé un jugement à l’encontre des gérants des bars à champagne L’Étoile et Le Ladies, situés à la sortie d’Arlon sur la route de Luxembourg. Vanessa De Ridder et Grégory Huon ont été condamnés à trois et deux ans de prison et doivent s’acquitter chacun d’une amende de 44 000€. Vanessa De Ridder et son père avaient déjà connu des démêlés judiciaires pour des reproches similaires, la tenue d’une maison de prostitution et de débauche, ainsi qu’une gestion financière frauduleuse. Le couple n’ayant pas jugé opportun de répondre à la convocation, ni de se faire représenter par un avocat, le juge avait ordonné l’arrestation immédiate de Vanessa De Ridder.
Ils apprennent leur condamnation dans l’Avenir
C’est en lisant la chronique judiciaire parue dans l’Avenir du Luxembourg que les gérants ont pris connaissance de leur condamnation. Après avoir déclaré la faillite des bars, qui aujourd’hui sont reconvertis dans des activités moins sulfureuses, ils ont décidé de changer de vie et de s’installer en France où ils ont ouvert un restaurant servant de la cuisine traditionnelle. Ils ont fait opposition à leur condamnation, prétendant ne pas avoir reçu la convocation suite à un changement d’adresse et ont chargé Me Luc Balaes de défendre leurs intérêts.
Ils se sont présentés la semaine dernière devant le tribunal correctionnel. "Après la première condamnation, explique Vanessa De Ridder, mon père a été incarcéré. J'ai repris la gérance des établissements, mais j'ai interdit aux filles toute relation sexuelle. C'était des bars où on servait des cocktails. Avec la naissance de ma fille, je n'y mettais quasiment les pieds. Quand mon père est sorti de prison, c'est lui qui a repris les activités. Je n'étais pas d'accord avec ce qu'il y faisait et j'ai fait la bêtise de rester la gérante, alors que je ne m'occupais plus de rien. Aujourd'hui, je ne veux plus avoir aucun rapport avec ce milieu." Elle a lourdement chargé son père, qui l'a introduit dans le monde des maisons de débauche.
Son compagnon admet avoir dirigé un des deux établissements en synergie avec l'autre. "Il y avait des conversations, des shows, des massages, confirme Grégory Huon. S'il y avait des relations avec les filles dans les séparés, je n'étais pas censé être au courant. Le chiffre d'affaires pourrait vous sembler important, mais il y avait des bouteilles de champagnes vendues à 1 000€. Tout se payait sur les terminaux bancaires, il y avait très peu de payements en espèces."
Dépassement du délai raisonnable?
Me Balaes estime que le procès n'est pas équitable: "L'affaire date de 2016, l'enquête a traîné avec des arrêts et démontre un manque de perspicacité. Des filles ont été interrogées, d'autres pas. Comment se fait-il que le papa ne soit pas sur le banc des accusés?"
Me Balaes a demandé que le dépassement du délai raisonnable soit retenu et qu'une éventuelle condamnation permette à ses clients de poursuivre leur retour à une vie normale. "Il ne faut pas dire qu'ils ont fui, mais bien qu'ils ont fui leurs anciennes activités".
Le jugement sera prononcé le 9 février.