L'histoire de Mariette, une juive arlonaise de 18 ans qui a dû fuir sous l’occupation
L’Arlonaise Angélique Burnotte publie un récit sur l’exode d’une juive arlonaise, Mariette Jacob. La ténacité face à l’angoisse de la rafle.
Publié le 17-11-2021 à 11h09
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Le confinement peut aussi apporter de bonnes surprises. En tout cas, Angélique Burnotte a profité de cette pause pour consigner des échanges restés dans un placard. Ceux avec Mariette Jacob. Des conversations à bâtons rompus, vieilles d’une quinzaine d’années, avec cette octogénaire, juive arlonaise, aujourd’hui disparue.
L’auteur, qui travaille à l’Institut du judaïsme, aura réécouté durant des heures ses vieilles cassettes de l’époque pour coucher sur papier, aux éditions "Les oiseaux de nuit", l’histoire de la jeune Mariette, une juive d’Arlon qui aurait eu 100 ans cette année.
Dialogue
Un livre à deux voix, celle de cette personne âgée qui revient sur ses quatre années de persécutions et celle de l’auteur qui, en bonne historienne, apporte son éclairage du 21e siècle. Le résultat: une pièce de théâtre de 90 pages, même si le récit a plus le format d’un témoignage.
"Tu te souviendras de ce que tu lui as dit", un texte qui se lit vite, évoque la période de l'exode. Angélique Burnotte ne donne pas la parole à une déportée, mais à cette fille de 18 ans qui vit le quotidien d'être juive. Une banale anonyme, pour une vie qui ne l'est pas à cause de la permanente angoisse, celle de la rafle. Une pérégrination de la fuite que l'on suit grâce aux illustrations de Valérie Detemmerman.
Mariette, qui était la tante de l’ancien ministre officiant Jean-Claude Jacob, n’est pas de ces héros qui ont échappé par miracle à la Shoah. Comme beaucoup de Belges, elle a tout simplement fui l’occupant, avec une épée de Damoclès encore plus lourde, une étoile.
À 18 ans, déjà femme de caractère, cette Mme Jacob. La demoiselle raconte comment elle a réussi à être innocentée d’un tribunal français, suite à une erreur administrative voulue par un rond-de-cuir antisémite.
Outre les réflexions de l’auteur qui apportent la distance à l’événement, on revit au temps de l’occupation à Arlon et surtout sur les chemins de France.
Sans le souci littéraire de la forme, mais au profit du dialogue, l’écriture laisse percevoir une complicité teintée d’admiration de la part de l’historienne sortie de l’ULg pour cette femme de tempérament. Un petit ouvrage qui contribue, avec ses femmes de l’ombre, à l’indispensable travail de mémoire. Le récit devrait prochainement être porté sur les planches.
«Tu te souviendras de ce que tu lui as dit», d’Angélique Burnotte aux éditions «Les oiseaux de nuit», 10€