BILAN MI-MANDAT | Romain Gaudron, le caillou dans la chaussure de Vincent Magnus
Écolo + mène une opposition musclée au conseil communal. L’espace Léopold, le golf du Bois d’Arlon ont encore fait monter le ton d’un cran, jusqu’aux attaques personnelles, Ambiance!
Publié le 11-10-2021 à 11h38
Lorsqu’il pose un regard sur les trois années bientôt écoulées de cette législature, Vincent Magnus (Arlon 2030) évoque 14 mois de «normalité» avant l’arrivée de la pandémie qui a fortement mobilisé le collège qui compose désormais avec le MRMC.
«Le collège a instauré les chèques commerces pour les Arlonais, la gratuité du parking, des aides aux commerçants et clubs sportifs. Le centre de vaccination a fait l'unanimité pendant ses 6 mois de fonctionnement.»
Mais de cet épisode, le bourgmestre d'Arlon depuis 2012 en retire aussi du positif. «Je me suis rendu compte de la solidarité dont a fait preuve la population au début de la crise du Covid. Il y avait plus de personnes qui voulaient donner que de personnes à aider, en collaboration avec la Maison des associations».
Nous aimerions participer à un conseil communal bien sympa où on sait que tout va bien se passer. Mais notre rôle est de soulever les problèmes. C’est comme cela que l’on conçoit les choses au sein d’Écolo +.
Le PS, rebaptisé Pour vouS, relégué sans le voir venir dans la minorité, estime que le collège a fait preuve de léthargie quand Arlon n'est pas retenue comme centre de vaccination principal. Cette crise n'a pas empêché les dossiers de voir le jour, même si Jean-Marie Triffaux, chef de groupe Pour vouS se montre critique.
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«Le bourgmestre fait comme si cette crise n'avait pas d'incidence. Or, elle a changé la manière d'appréhender les dossiers. Les priorités ne sont plus les mêmes.» Une vision qui concerne notamment l'Espace Léopold pour lequel les premiers coups de pelle viennent d'être donnés dans le parc où des fouilles sont en cours.
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Au sein du conseil, ce chantier provoque des tensions. Écolo + se montrant le plus virulent, fidèle à ses convictions depuis le début. «D'un coût estimé à 6 millions la législature précédente, on est passé à 17 millions, affirme Romain Gaudron, chef de file Écolo +. Or, Vincent Magnus avait dit qu'il ne le ferait pas s'il dépassait les 10 millions. Il persiste et c'est dommageable en termes de gestion financière. Avec cet investissement, on aurait pu faire beaucoup mieux qu'un trou pour aider les habitants. Il y a de très bons projets dans la rénovation urbaine mais une seule fiche est réalisée. C'est insuffisant!»
«La personnalité du bourgmestre joue beaucoup»
Autant de reproches qui percolent lors des séances du conseil communal où Écolo + mène une opposition musclée. Paul Kiame (Arlon 2030) conseiller et médecin référent pour la Ville, puis le bourgmestre au sujet du golf du Bois d'Arlon en ont fait les frais.
«Nous avons visé les agissements dans le cadre d'un mandat d'une personne publique. Nous n'avons pas mis le nom du conseiller sur la table, se défend Romain Gaudron. C'est Vincent Magnus qui l'a cité en premier. Ce n'est pas de gaîté de cœur que nous avons amené le sujet sur la table. Nous aimerions participer à un conseil communal bien sympa où on sait que tout va bien se passer. Mais notre rôle est de soulever les problèmes. C'est comme cela que l'on conçoit les choses au sein d'Écolo +. La personnalité du bourgmestre joue beaucoup. Je n'ai aucune prise de bec avec les autres membres du collège. Ce sont des gens à l'écoute, contrairement à Vincent Magnus».
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L'épisode Kiame a, selon le bourgmestre, resserré davantage les liens au sein du Collège entre Arlon 2030 et MRMC. «L'ambiance est excellente au sein du collège qui compte de nouveaux échevins, souligne le mayeur. Tout le monde travaille fort. Au sein du conseil, l'ambiance est davantage respectueuse et constructive quand certains ne sont pas là, et je ne cite personne. Combattre les projets, c'est génial, ça fait avancer les choses. Quand on attaque sous la ceinture, c'est inimaginable et indigne d'un conseiller communal. Et je ne mets pas tous les écolos dans le même sac!»
Vincent Magnus, 64 ans, estime que sa fonction est de plus en plus difficile, avec les réseaux sociaux notamment. Repartira-t-il pour un troisième mandat jusqu’en 2030 comme l’indique le nom de sa liste? «Je me demande si je dois laisser ma famille, ma santé pour me faire toujours attaquer. Mais j’ai toujours la verve pour mener les dossiers, la santé, le soutien de mes proches. Et je m’amuse tous les jours!»
Le bilan de la majorité à mi-mandat
– Transition écologique: un vaste sujet auquel s'est attaqué le collège dès 2018. «Nous menons des réflexions sur la Convention des maires, la gestion des énergies pour nos bâtiments, pour amener les cantines scolaires vers le bio et les circuits courts. Arlon a été la première commune à interdire les gobelets jetables. Il est important de sensibiliser la population à la pollution, visuelle notamment», relève Vincent Magnus. Ce dernier annonce également un grand projet mené en collaboration avec le DNF pour planter des arbres en ville, dans les villages avec un budget important débloqué l'année prochaine. Chaque enfant qui naît à Arlon reçoit désormais un arbre. Un Monsieur Arbre a été engagé il y a peu.
– Travaux: le chantier de l'Espace Léopold a débuté au niveau du parc. Le parvis de l'hôtel de Ville et la rue Reuter ont été totalement revus et réaménagés. D'un point de vue sportif, la modernisation du hall sportif 2 de la Spetz est terminée, les infrastructures du hockey à Waltzing avancent bien et le cercle de tir arlonais a été rénové. Au niveau des cultes, la rénovation de la Synagogue est terminée et celle de l'église Saint-Martin est toujours en cours. «L'un des moments forts de ce début de législature est le coulage de la cloche, en présence du doyen Jadot», se remémore avec émotion le bourgmestre.
Mobilité : la place Camille Cerf est libérée des voitures. On peut également relever l'aménagement du rond-point du Liedl à l'entrée de la Ville, dont les trottoirs ont été financés par la Commune.
– Culture: le Palais est devenu un lieu phare de la culture arlonaise. Malgré la pandémie, il a pu accueillir le caricaturiste Pierre Kroll à l'occasion d'une exposition sur le climat et l'upcycling. «Je suis également très fier de la première édition d'ArlonFolies qui a connu un réel succès», conclut Vincent Magnus.
– Digitalisation: la ville d'Arlon a sa page Facebook depuis 2018, tandis que le guichet électronique explose sous les demandes depuis le Covid.
Ce qu’il reste à faire
Le travail ne manquera pas pour les trois prochaines années. Le schéma de développement communal est sur les rails. La première étape est franchie, le rapport d'incidences environnementales (RIE) est à venir.
«C'est un dossier fondamental pour savoir vers où on va, où on construit les immeubles, quelle densité d'habitat dans les villages. C'est important par rapport aux promoteurs et aux habitants», précise le bourgmestre. Le plan communal de mobilité est en place lui aussi et avec lui la réflexion sur la mise en zone 30 au centre-ville. «Tout le monde a rouspété. Puis c'est entré dans l'esprit des gens. Ils roulent moins vite, ça pollue moins. Nous voulons surtout encourager les piétons, les cyclistes à se déplacer en ville. Les pistes cyclables mises en place seront évaluées. Le parking à la rue Henri Busch poursuit également cette optique de faciliter la mobilité douce. Même si je suis conscient qu'il n'est pas évident pour les parents d'amener leurs enfants à l'école à vélo. Il faut trouver un équilibre tout en donnant de l'espace aux voitures pour ne pas faire mourir le centre-ville.» Commune pilote, Arlon a reçu 1,2 million de la Région dans le programme Wallonie cyclable.
D'autres chantiers sont annoncés dans les mois à venir: leparking Léopold fin 2021 ou début 2022, le hall 1 de la Spetz, l'égouttage dans le village de Guirsch, ou encore l'aménagement d'un espace récréatif à l'Hydrion.
Mais d'autres dossiers ont du mal à avancer. Enterré par certains, le projet de P + R à Viville n'a pas fini de faire parler de lui. «Est-ce qu'Écolo, qui a la mobilité à tous les niveaux de pouvoir, va faire quelque chose? Nous avons un gros problème de mobilité pour 60% de notre population qui est frontalière. La seule solution est le RER vers Luxembourg. Or, nous n'en sommes nulle part», peste M. Magnus.