Maxime Monfort: «Son propre cuisinier, c’est primordial»
Maxime Monfort évoque le prochain Euro et les similitudes qui existent entre le monde du foot et celui du cyclisme, à l’occasion d’une grande compétition
Publié le 10-06-2021 à 06h00
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Maxime Monfort, on pourrait comparer un championnat d’Europe de foot à l’un des trois grands Tours dans le cyclisme?
Je pense que oui. J’y vois pas mal de similitudes. La sélection, déjà. Les coureurs veulent y être. Et c’est là que ça se passe. Tout ce qui concerne la préparation également. Il y a plein de courses ou de matches avant. En vélo, les Classiques se préparent spécifiquement à ça. En foot, il y a les championnats et les matches de Coupe d’Europe. Un grand Tour, c’est une autre manière d’aborder la course. Pour un tournoi, c’est différent aussi.
L’enjeu, l’intérêt médiatique, la pression, il y a tout cela à gérer?
Il y a une attente particulière. De la part des médias. Mais il y a aussi une attente en interne et une attente personnelle. C’est un peu plus important sur un Tour de France, mais finalement, les coureurs y sont habitués. L’Euro ou la Coupe du monde, ça touche un public plus large. Et c’est pareil pour le Tour. De plus, cela correspond à l’été et à une période plus cool au niveau du boulot. Et un tel événement, c’est aussi fédérateur au niveau du pays.
Une compétition de telle importance, ça se prépare aussi davantage mentalement?
Oui. Mais c’est automatique, en fait. On en parle tellement, en interne, en externe, dans les médias, et même dans la sphère familiale, 24 h sur 24, que cela rentre dans l’inconscient. Pour un coureur, il n’y a plus que cela qui compte à partir de fin mai, début juin. Tous les petits gestes du quotidien sont axés sur ce qu’ils peuvent engendrer de bénéfique sur le Tour.
Pas de jalousie
Sur une course à étapes, les équipes cyclistes prennent leurs propres cuisiniers. Vous comprenez que les équipes de foot font la même chose pour un tournoi?
C’est primordial. Ce n’est pas du luxe, c’est un besoin essentiel. Dans les hôtels, la nourriture, même d’un restaurant gastronomique, ne correspond pas aux attentes d’un sportif. Évidemment, la qualité des produits est présente, ce que le sportif recherche aussi, mais il n’y a pas les apports nécessaires, ni l’équilibre. En moyenne, les coureurs doivent ingurgiter 7 000 calories par jour. C’est énorme. Et le visuel compte aussi. Pour les coureurs, le repas, c’est le moment le plus convivial de la journée, le seul moment où ils se posent vraiment. Il est important de ne pas juste se nourrir, mais de passer un bon moment, et l’aspect visuel des repas y contribue.
C’est beaucoup de travail en amont?
Oui. Les plans sont établis à l’avance, les menus, les quantités, par rapport aux dépenses énergétiques des étapes. Puis, le cuisinier prépare tout avec le diététicien, en fonction de ce qu’il trouve sur place. Il n’est pas toujours autorisé à rentrer dans les cuisines de l’hôtel. Si le chef est un fan de vélo, il partage sans problème sa cuisine. Sinon, nous avons un camion cuisine qui est parfaitement équipé. Le foot est un sport organisé de manière différente. Ils ne changent pas d’hôtel tous les jours. Et ils ont plus le temps. Déjà en vélo, il n’y a pas de repas de midi, c’est tout de même une grosse différence.
Dans le monde du vélo, on n’est pas un peu jaloux de l’attention portée aux footballeurs?
Ce n’est pas le même monde. C’est une question de culture ancrée depuis des décennies. Ça a toujours été comme cela dans le foot. Les joueurs ont été encore plus sacralisés ces dernières années, c’est compliqué pour les approcher. Alors qu’en vélo, il est tout à fait possible d’approcher les coureurs au départ d’une course ou d’une étape. En tout cas, non, il n’y a pas de jalousie. La difficulté du sport cycliste formate le caractère de tous les cyclistes. La souffrance qu’on ressent sur le vélo, dès son plus jeune âge, fait qu’un cycliste est humble. Et cela commence très tôt.