L’Hôtel des Chemins de Fer, l'âge d'or du chemin de fer
Construit en fin du XIXe siècle, l’hôtel a été ravagé par un incendie en 1901. L’historien Jean-Marie Triffaux évoque son histoire.
Publié le 05-01-2021 à 06h00
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Jean-Marie Triffaux, que vous évoque l’hôtel des Chemins de fer d’Arlon?
L’hôtel des Chemins de fer est une construction de style éclectique, à prédominance classique, construit durant le dernier quart du XIXe siècle sur les plans de l’architecte Deschamps et de l’ingénieur Herman. Il date de l’époque où le réseau ferroviaire jusqu’alors privé (Compagnie du Grand Luxembourg) fut repris par l’État.
Quelle était sa destination initiale?
La nouvelle gare d’Arlon a été érigée en 1884-85. C’était l’âge d’or du chemin de fer. Elle a été complétée par la maison du chef de gare et l’hôtel des Chemins de fer qui rassemblait les bureaux des cheminots. Le tout a donné une certaine élégance à l’avenue des Voyageurs, qui aujourd’hui est devenue l’avenue de la Gare. Des hôtels, des cafés-restaurants, des commerces de tabacs et cigares se sont installés à proximité. Le quartier était très en vogue. C’est en 1897, que furent installées l’électricité et le télégraphe!
Le bâtiment a été complètement détruit au début du XXe siècle?
Le 31 mai 1901, pendant le temps de midi, un incendie éclate et ravage le bâtiment. L’hôtel des Chemins de fer est détruit. Il ne reste que les façades. Les archives de la construction de la ligne Bruxelles-Luxembourg sont perdues. Mais les cheminots ont besoin de bureaux, l’hôtel a donc été entièrement restauré.
A-t-il été occupé pendant la guerre?
Le 26 août 1914, 270 civils de Musson sont arrêtés par les Allemands qui stationnent pendant plusieurs heures sur le trottoir de l’hôtel des Chemins de fer. Le matin même, les Allemands ont fusillé 121 habitants de Rossignol, Breuvanne et Tintigny juste en face, de l’autre côté des voies, au pied du pont de Schoppach. Les Mussonnais évitent le pire. Ils seront finalement déportés.
Le bâtiment est-il resté au service des cheminots?
Aujourd’hui, beaucoup se souviennent avoir fréquenté l’hôtel des Chemins de fer, car le service de santé pour les cheminots y était installé. Mais en un siècle et demi, ses murs ont abrité bien d’autres services qui ont œuvré au développement et au bon fonctionnement du réseau ferroviaire dans toute la province.
Le bâtiment est-il classé?
L’hôtel des Chemins de fer est repris à l’inventaire du patrimoine monumental de Belgique comme toute construction qui a de l’intérêt, mais il n’est pas classé. Le classement est une procédure exceptionnelle, assez lourde et peu courante, avec des conséquences financières importantes pour la Région wallonne. Par exemple à Arlon, il a fallu batailler pendant des années pour obtenir le classement de l’église Saint-Martin. Ce fut le prélude à sa restauration. À Arlon ville, les biens classés sont peu nombreux. Même la gare ou l’ancien palais de justice place Léopold ne le sont pas. Sont classés: la façade du palais provincial, la montée royale de Saint-Donat, la synagogue, les deux tours romaines, les thermes, certaines parties de l’immeuble des Caves dans la Grand-Rue, une maison Art nouveau avenue de la Gare, Saint-Martin. Dans les villages, citons notamment les calvaires, les châteaux (Autelbas, Sterpenich, Guirsch), le lavoir et les marais de Heinsch, le centre du village de Guirsch…