Un Borquin accusé de viol sur deux femmes rencontrées sur le web, il en reconnaît au moins un
Adepte des sites de rencontres, un homme de Saint-Hubert est accusé de deux viols, dont l’un, sur une déficiente mentale, est reconnu. Huit années de prison requises.
Publié le 31-12-2020 à 06h00
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Hier matin, Me Dimitri De Coster a eu la difficile tâche de défendre un Borquin de 64 ans. L’homme, un costaud aux cheveux courts grisonnants, est poursuivi pour viols, coups et blessures, et harcèlement sur les réseaux sociaux. Il est en aveux pour avoir violé, le 10 mars 2020, une Arlonaise qu’il avait connue sur un site de rencontres. Tout avait commencé dans de bonnes conditions, les deux personnes ayant convenu de relations sexuelles jusqu’au moment où l’homme de Saint-Hubert demande des choses plus perverses qui furent catégoriquement refusées, mais qu’il força de manière ignominieuse.
Il reconnaît aussi les coups et blessures sur une autre dame, quadragénaire, mais nie le viol, estimant qu'il s'agissait de relations librement consenties. «Je suis un habitué des sites de rencontres, raconte le sexagénaire, j'ai ainsi pu avoir une centaine de relations sexuelles avec différentes femmes, chaque fois dans un cadre clairement défini. Mes partenaires savaient que je recherchais un coup et pas une relation affective. La deuxième affaire qui m'est reprochée fait exception, je m'étais épris de cette femme avec qui nous passions des bons moments et qui m'accompagnait dans les brocantes que je parcourais le week-end. Nous avons même été une fois à Walibi. Parfois, elle ne voulait pas avoir de relation, mais ce n'est pas un viol puisque nous étions ensemble.»
«Quand une femme vous dit non, même dans un couple, cela veut dire non», reprend de volée Sarah Pollet, qui représente le ministère public.
Mes relations avec les femmes sont difficiles
Le ministère public a ajouté une circonstance aggravante aux préventions qui lui sont reprochées: celle que les deux viols l’ont été sur des personnes en état de vulnérabilité, de par leur déficience mentale.
La procureure du roi Sarah Pollet s'est inquiétée du rapport psychiatrique d'un homme qui, il y a une quinzaine d'années, a été condamné par une cour d'assises française à sept ans de réclusion pour des faits similaires: «L'expert note que Monsieur est enfermé dans son isolement et qu'il a une vision à géométrie variable de la notion de consentement. Le risque de récidive est certain.»
Interrogé par la présidente du tribunal Florence Brilot, le prévenu a reconnu avoir des relations difficiles avec les femmes, n'y voyant «qu'un intérêt sexuel».
Me De Coster a surtout plaidé sur la peine rappelant que lors de la détention préventive de quatre mois, son client avait subi les brimades et les coups des autres prévenus: «Il y a la justice institutionnelle, il y a la justice de la rue, mais la plus terrible, c'est la justice de la prison. Elle est un enfer pour ceux qui sont accusés de délits sexuels.» Impassible et sans émotion apparente jusque-là, le prévenu a craqué et est tombé en pleurs.
«Vous ne manifestez aucun regret ni aucune empathie pour vos victimes, lui balance Mme Pollet. Mais vous lâchez des larmes quand cela concerne votre petite personne.»
Le ministère public a requis huit ans de prison et cinq ans de mise à disposition du tribunal d’application des peines. Me De Coster a proposé une peine de probation autonome, c’est-à-dire une peine qui est négociée entre le prévenu et un(e) assistante de justice. Mme Pollet s’y oppose formellement.
Le tribunal rendra son jugement le 18 janvier.