L’ex de France Gérard arrêté pour enlèvement, séquestration, assassinat
Le corps de France Gérard a été retrouvé hier dans les bois entre Stockem et Fouches. Sylvain Lefèvre, 68 ans, est placé sous mandat d’arrêt.
:format(jpg):focal(507x341:517x331)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/RTHPWKWNLJAAZEZ2ELCZ5AX4BA.jpg)
Publié le 20-11-2020 à 07h18
La police a fait une macabre découverte jeudi à la mi-journée. Le corps sans vie de Mme France Gérard, 54 ans, disparue depuis lundi, a été retrouvé dans un bois entre Stockem et Fouches, tout près de la grand-route Arlon-Florenville.
LIRE AUSSI | Un campement au fond du bois
La famille de France Gérard vivait une inquiétude profonde depuis la disparition, lundi matin, de la quinquagénaire dont on était sans nouvelles alors qu’elle devait récupérer une de ses filles, élève à l’école l’INDA à Arlon.
France Gérard travaillait au service des repas à domicile du CPAS d’Arlon, où elle était très appréciée.
Mardi après-midi, l’ex-compagnon de la dame, Sylvain Lefèvre, un retraité de 68 ans, habitant dans une caravane près de Stockem, avait été placé en garde à vue à Longwy par les policiers du BSU (Brigade de Sûreté urbaine). L’homme vivait séparé depuis quelques jours de France Gérard.
Le délai de garde à vue avait été prolongé jusqu’à ce jeudi 17h.
Recherches pendant deux jours en France et Belgique
De premières fouilles et battues n’ont rien donné mardi après-midi à Mont-Saint-Martin, village frontalier français, là où habitait la disparue.
Avant-hier mercredi, côté belge, les policiers de la PJF ont à leur tour mené des recherches, avec chiens policiers, dans des bois à Stockem, Fouches ainsi qu’à Clairefontaine.
Toujours sans retrouver de corps.
Retrouvée hier midi
Et c’est hier jeudi, vers 12 h 30, que les policiers belges sont parvenus à retrouver le corps sans vie de France Gérard. Celui-ci a été découvert dans un bois entre Stockem et Fouches, presque en face de la société de recyclage BST, dans un bois tout près de la caravane où logeait l’ex-compagnon. Le corps avait été enterré.
L’affaire a donc pris définitivement une tournure criminelle.
Jeudi après-midi, le juge d’instruction d’Arlon Philippe Nazé, la procureure du roi de division d’Arlon, Sarah Pollet, ainsi qu’un médecin légiste, sont descendus sur les lieux, de même que le DVI et le labo de la police technique et scientifique.
«Un examen externe du corps a été réalisé et l'autopsie sera effectuée dès ce vendredi», communique Sarah Pollet.
Assassinat
Sachez encore qu’en fin de journée, le procureur de la République de Nancy, qui a repris ce dossier pour les autorités judiciaires françaises, a tenu une conférence de presse.
Voici ce que nous a communiqué Stéphane Javet, qui est le procureur adjoint de la République à Nancy: le suspect et ex-compagnon de la victime, Sylvain Lefèvre, «a été déféré au parquet de Nancy ce jeudi vers 15h afin d'être présenté à un juge d'instruction. Le parquet criminel de Nancy a ouvert une information judiciaire des chefs d'enlèvement/séquestration sans libération volontaires avant le 7e jour (qualification criminelle) et d'assassinat.
Le parquet de Nancy va prendre des réquisitions aux fins de placement en détention provisoire de l’intéressé. La décision du juge des libertés et de la détention est attendue pour la fin d’après-midi ou début de soirée.»
Précisons encore qu’inculpé d’assassinat, Sylvain Lefèvre, a pas mal varié dans ses déclarations aux enquêteurs français au cours des derniers jours.
Mais il se confirme en tout cas qu’il aurait commis les faits d’homicide en France, avant de transporter le corps et venir le cacher près de sa propriété dans les bois entre Fouches et Stockem.
Une balle de fusil dans le dos
Le suspect, déjà condamné en 2003 pour des violences sur une ex-compagne, a avoué avoir tué France Gérard d'une balle de fusil dans le dos, avant d'enterrer le corps, a précisé le procureur de la République de Nancy. Il a d'abord nié avant de reconnaître les faits, notamment quand les analyses de la police scientifique ont mis en évidence du sang sur ses vêtements. Sa version est celle d'un tir accidentel. L'homme a ainsi raconté s'être rendu chez la victime à Mont-Saint-Martin, l'avoir attendue dans son garage parce qu'elle n'était pas là, garage où il a trouvé un fusil « chargé et muni d'un silencieux », a expliqué le magistrat français.
Selon le suspect, Mme Gérard à son retour a pris peur et s'est mise à courir. C'est en la suivant que l'individu a affirmé « avoir glissé » et que « le coup de feu est parti tout seul », touchant la victime mortellement dans le dos, a poursuivi le procureur.
Ensuite, le gardé à vue a admis avoir « paniqué », avoir « enroulé le corps dans une bâche pour aller l'enterrer dans une clairière », « dans un trou » qu'il « a creusé ». Il a assuré avoir agi tout seul.
Un campement au fond du bois
À la sortie de Stockem (Arlon), quelques centaines de mètres après le pont qui permet à l'E411 de surplomber la route entre Arlon et Étalle, un petit chemin de terre boueux descend dans le bois. Au fond, deux ou trois cents mètres plus loin, une résidence isolée se devine à peine (« plutôt un campement », nous glisse un policier qui empêche les quidams de s'engager plus loin). La procureure de division Sarah Pollet est déjà sur place. On est jeudi dans l'après-midi. D'autres voitures se garent sur l'à-côté herbeux de la route. Le juge d'instruction Philippe Nazé, le médecin légiste et leurs collaborateurs rejoignent la scène de crime où leurs confrères français sont déjà sur place.
Comme nos collègues de TV Lux arrivés sur place eux aussi, nous ne pourrons pas progresser plus loin. C'est sous un ciel déchiré entre le gris foncé et le gris clair, dans un environnement rendu tristounet par un jeudi de novembre pluvieux, que le corps de France Gérard a été retrouvé.