Damilot, un danger sans cesser ses écarts
L’expert psychiatre a été entendu, mercredi, devant la cour d’assises. L’oisiveté et les toxiques expliqueraient la personnalité de l’accusé.
Publié le 13-02-2020 à 06h00
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Une vie oisive marquée par la consommation de toxiques, à savoir l'alcool et les médicaments. Voilà où se trouve le nœud du danger que représenterait Giovanni Damilot. C'est du moins la conclusion qu'a tirée l'expert psychiatre, le Dr Antony Schena, mandaté pour dresser un rapport sur l'accusé. Et ce mercredi, c'est devant la cour d'assises que l'expert est venu présenter ses constatations. Lors de sa rencontre avec le jeune homme en juillet 2018, il a rencontré quelqu'un de collaborant. «Il avait un usage décomplexé des toxiques», rappelle cependant le Dr Schena. On sait aussi que la dispute mortelle à Les Hayons du 24 février 2018, lors de laquelle Giovanni Damilot a frappé avec une hachette Jean-Sébastien Spoiden, s'est jouée sur fond d'alcool consommé par les deux protagonistes. La possibilité de la récidive est aussi évoquée. «Giovanni Damilot rassemble plusieurs facteurs de risque selon les données statistiques; à savoir son jeune âge au moment des faits, des antécédents, son problème de consommation de toxiques, relève l'expert. Le risque de récidive est élevé selon les données purement statistiques se basant sur le passé.» Que faire pour sortir de cette spirale? Lutter contre l'oisiveté et sa consommation selon l'expert. «Il a émis des regrets lapidaires et ne présente pas de culpabilité écrasante», se souvient aussi le médecin psychiatre.
La question de représenter un danger pour la société a dès lors été posée par l'avocat général Thibaut Vandamme. «Je n'ai évidemment pas de boule de cristal mais à mon sens oui», dit l'expert.
«Il était conscient de la réalité»
Après la dispute fatale, on sait aussi que Giovanni Damilot ne s'était pas livré à la police. Mais il avait envoyé un message pour prendre des nouvelles à Jean-Sébastien Spoiden. L'accusé avait aussi posté un message sur Facebook promettant de venger son ami alors que c'était lui-même qui était l'auteur des coups. Pour l'expert, il ne faut pas voir là l'attitude de quelqu'un qui n'a pas pris conscience des faits. «Cela relève d'une démarche psychopathique», selon lui. Et le spécialiste d'ajouter: «Il a bien pris conscience de la réalité, les faits sont inscrits en lui et il sait ce qu'il s'est passé».
Un témoignage d'expert qui a donné lieu à des commentaires des différentes parties. «Vous retiendrez qu'il n'y a eu que des regrets lapidaires; pas de regrets sincères et profonds marqués par la tristesse, a réagi à l'attention du jury Me Anne-Catherine Mignon, conseil des parties civiles. Alors que l'on parle ici du meurtre de Jean-Sébastien Spoiden.»
Du côté de la défense, c'est la grande place que l'on pourrait donner à cette expertise qui est relevée. «Des jurés sont mieux à même de juger quelqu'un lors d'un procès de cinq jours», a, lui, commenté Me Renaud Crasset, avocat de Giovanni Damilot. Le débat sur la culpabilité aura lieu jeudi.