Un dernier verre avant un viol

Un prévenu de 45 ans fait la tournée des bars avec sa fille de 19 ans, boit encore quelques verres au domicile familial avant de la violer.

Christian VAN HERCK
Un dernier verre avant un viol
La consommation de bières (peu ou pas alcoolisées) et de vin à 0% a crû de plus de 10% en 2015. ©Olesia Bilkei – Fotolia /BELGA

Le 23 janvier 2016, un homme de 45 ans emmène celle qu’il appelle sa fille, celle qu’il a élevée depuis sa naissance il y a 19 ans, faire la tournée des bars. La soirée est arrosée et agréable. Rentrés au domicile familial de Toernich (Arlon), ils décident de boire un dernier verre, qui se transformera en derniers verres avec de grands «s» à la fin des deux mots.

C'est à ce moment que tout a dérapé. «Je ne me souviens de rien, explique le prévenu au juge Philippe Nazé qui préside le tribunal correctionnel d'Arlon. J'avais bu et je n'ai que de vagues souvenirs. Mais je sais qu'il s'est passé quelque chose de pas bien. Je le regrette.»

Le président lui rappelle le PV de son interrogatoire où il reconnaît avoir baissé la petite culotte de la demoiselle, de l’avoir pénétrée et de l’avoir violée, donnant même des détails scabreux. Le prévenu porte alors le débat sur le fait que, même s’il l’a élevée, qu’il la présente comme sa fille et qu’elle l’appelle papa, la victime n’est ni biologiquement, ni légalement sa fille. Recherche d’excuses consternantes, que le juge écarte d’un revers de la main.

Thibaut Vandamme, le substitut du procureur du roi, n'est pas tendre envers le prévenu. «C'est répugnant, s'exclame-t-il. Expliquer un tel acte par la boisson, n'est pas acceptable. Aujourd'hui, il dit ne pas se souvenir, mais lors de sa déposition aux enquêteurs, il donne des détails qui démontrent clairement qu'il était conscient de ce qu'il faisait. Je demande de le condamner à une peine qui ne pourra pas être inférieure à trois ans de prison.»

Elle continue à l’appeler «papa»

La victime n'a pas eu la force de se déplacer devant le tribunal et d'y croiser le regard de son agresseur. Elle a déménagé en région liégeoise et ne l'a plus revu depuis les faits. Son avocat, Me Nathan Mallants a raconté sa dernière entrevue avec sa cliente: «Elle est détruite et est persuadée qu'il est réellement son père. Elle continue à en parler en l'appelant papa mais elle veut qu'il soit puni. Elle est hantée par le souvenir de cette nuit où elle a fait semblant de dormir, attendant que son père s'endorme, pour s'enfuir se réfugier chez la voisine. Je rejoins Monsieur le procureur. Il n'y a pas d'autres mots que «répugnant» pour qualifier ces faits.»

Me Dorothée Kauten qui assure la défense du prévenu a insisté sur le fait qu'il n'y a aucune préméditation, ni aucune intention malveillante dans le chef de son client. «Il est honteux et regrette ce qui s'est passé, poursuit l'avocate. Il a fait de la détention préventive qui lui a fait prendre conscience de ce qu'il a fait. Une condamnation avec un sursis probatoire pour ce qui excède cette détention préventive, me semble une juste peine.»

Le jugement sera rendu le 1er juin.

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