Les élections françaises à Sedan : «Un vaste foutoir depuis longtemps»
Écœurement, déception, indécision… Rencontres au central bar de Sedan (17 829 habitants), ville PS (depuis 1995), où les clients témoignent de leurs ressentiments contre la classe politique.
Publié le 13-04-2017 à 06h00
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«À mon âge, de toute ma vie, je n'ai jamais vu un chantier pareil. Ils ont tous des gamelles au cul, quels que soient les individus.» À 77 ans, Bernard Devillez, ancien patron du central bar à Sedan, ville PS, repris par son fils, William, n'a pas l'habitude de parler politique. «C'est pas bon dans le commerce» explique-t-il. Ici il y a de tout, des super gauchistes, des super à droite, des milieux, des quarts… Notre problème c'est qu'ils s'entendent et boivent un coup ensemble».
Effectivement, interrogées les unes après les autres, les personnes attablées dans ce bar brasserie, ont des projets de vote très variés, mais leur première réaction est la même: «c'est un sacré b…». Et la plupart ne savent pas pour qui voter. Tous sont particulièrement écœurés par l'argent mis en jeu dans l'affaire Fillon entre autres et se demandent si tous les candidats ne mériteraient pas d'être enfarinés. «Ce que sa femme a gagné en 5 ou 6 ans, je ne l'ai pas gagné dans toute ma vie» réagit Jean-François 66 ans, chaudronnier retraité, accompagné de sa femme Jocelyne, 62 ans, ancienne femme de ménage. Mais ils iront «voter quand même, on fera notre devoir. On veut la démocratie. On est bien en France malgré tout ».
Ce «souk» serait-il la faute «d'une presse partisane de gauche » qui se serait acharnée sur Fillon s'interroge Bernard Devillez? «C'est un vaste foutoir depuis longtemps. C'est l'explosion de ce qui couve depuis des années», estime plutôt Jacques 62 ans. Il prédit «un taux d'abstention énorme. Les gens sont paumés. Comment intéresser les jeunes dans ces conditions». «Les politiques sont déconnectés de la réalité» renchérit Jean, 63 ans.
«Un illusionniste»
Affaires et querelles d'ego ont plombé les partis traditionnels dont la voûte s'est effondrée. L'onde de choc marque des turbulences profondes dans les esprits, laissant chacun fort dépourvu. «Je ne sais pas qui sera le meilleur ou plutôt le moins pire», réagit encore Bernard Devillez qui envisage de voter blanc et aimerait qu'il soit comptabilisé, ce qui éviterait au «président d'être toujours élu par 5% de mécontents qui votent d'un côté puis de l'autre, et non par un vote d'adhésion».
Macron apparaît plein de bonnes idées à Jean-Philippe, 82 ans, quand d'autres le considèrent comme «un illusionniste». Pour Alain 72 ans, la réponse c'est Nicolas Dupont-Aignan au 1er tour et Charles Martel au 2e! (sic).
Mais il ne votera sûrement pas Marine, «dangereuse» qui veut sortir de l'Euro. «Si j'étais de gauche, je voterais Mélenchon. C'est le plus honnête». Ce qu'envisagent de plus en plus sérieusement Christelle, 46 ans, déçue de ce qui arrive à Hamon, et Jean, 63 ans. «Mélenchon cogite vite. Et il parle avec les mots du peuple. Il dit les choses comme elles sont. Mélenchon pourrait surprendre».
Pour mémoire, lors des dernières présidentielles, le favori PS Dominique Strauss-Kahn avait été éliminé du jeu après le scandale du Sofitel à New York en mai 2011. Les scandales d’avant présidentielles ne se ressemblent pas mais se suivent.