L’archéologie belge inspire les Français
Le château de Sugnyest à l’origine de la découverte d’un château en France, le château des fées de Montcy-Notre-Dame.
Publié le 24-01-2017 à 05h00
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Il n’y a pas qu’en matière de frites, blagues et bonnes bières que les Belges inspirent les Français. On peut désormais y ajouter les châteaux fortifiés de l’an mil. Eh oui, ça fait un bail!
«J'arrive à l'âge où on me demande de participer à des jurys ou de préfacer des livres», commente avec humour l'archéologue belge, André Matthys, 72 ans. Il y a quelques jours, il était invité au Musée de l'Ardenne de Charleville-Mézières pour la présentation du livre Le château des fées de Montcy-Notre-Dame, archéologie d'un site de l'an mil, ouvrage qu'il a accepté de préfacer.
La rencontre avec André Mattyhs
Sorti fin 2016 aux Presses Universitaires de Lorraine, ce livre de Jean-Pierre Lémant et Cédric Moulis synthétise et analyse 30 années de recherches.
Un aboutissement auquel ne serait jamais parvenu Jean-Pierre Lémant, président de la société archéologique du sillon mosan et chef d’orchestre des fouilles menées de 1984 à 1992 sur le château des fées, s’il n’avait un jour rencontré André Matthys. Cet habitant de Laiches, aujourd’hui retraité, est l’ancien directeur du service archéologique de la Région wallonne puis l’inspecteur général du patrimoine de Wallonie.
Une famille d’aristocrates liégeois
«C'est en allant sur les fouilles du château de Sugny qu'il menait en Belgique que j'ai pensé qu'il fallait fouiller sur la motte de Montcy-Notre-Dame» raconte Jean-Pierre Lémant.
«La fouille du " Tcheste de la Rotche " a duré de 1982 à 1989», poursuit l'archéologue belge. «Les caractéristiques topographiques et formelles des vestiges, leur chronologie semblable autour de l'an mil, la similitude des objets retrouvés justifiaient tout naturellement des contacts entre archéologues français et belges», détaille-t-il.
André Matthys travaillait alors depuis 1971 sur une étude des fortifications du bassin de la Semois belge (provinces de Luxembourg et de Namur) de la préhistoire jusqu’à Louis XIV. Jusqu’en 1989, on lui doit la fouille et des publications sur 23 sites fortifiés.
À Montcy-Notre-Dame, un mobilier très diversifié a été mis au jour (céramique, verre, métal, tabletterie, faune…) qui a ensuite été comparé avec les fouilles de châteaux du sud de la Belgique (notamment les éléments métalliques). Une chercheuse belge, céramologue est aussi entrée dans l'étude. Trois belles pièces d'échec ont notamment été trouvées (présentées au Musée de l'Ardenne), et témoignent «du caractère aristocratique des résidents». En outre, l'observation des ossements et des graines permet de déduire que les occupants du château étaient sans doute liés aux Liégeois…
La zone frontalière
Les résultats mis «en perspective avec la notion de frontières, d'échanges et de pratiques culturelles» tendent à montrer qu'il y a mille ans déjà, la «zone frontalière» qui rassemble Français et Belges était déjà bien plus une réalité que la frontière qui les sépare.
À noter que cet ouvrage est intégré à un vaste projet L'Ardenne. Des frontières en l'An Mil (Lafam) qui regroupe 23 chercheurs français, belges et luxembourgeois. Une partie des fouilles peut être vue au Muse de l'Ardenne de Charleville-Mézières.
Le château des fées de Montcy-Notre-Dame, archéologie d’un site de l’an mil, sous la direction de Jean-Pierre Lémant et Cédric Moulis, préface d’André Matthys, PUN-éditions universitaires de Lorraine, 224 pages, 15 euros. http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100686080