Le tripartisme s’installe de l’autre côté de la frontière
Grâce à une meilleure mobilisation citoyenne, le républicain Philippe Richert a remporté la région Grand Est dimanche.
Publié le 15-12-2015 à 05h00
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C’est grâce à une meilleure mobilisation citoyenne que le républicain Philippe Richert a remporté la région Grand Est avec dix points d’avance sur le frontiste Florian Philippot. Le FN s’impose tout de même comme la 2e force politique du secteur et ce face à la gauche qui s’était maintenue au second tour.
48,40% des suffrages pour le républicain, Philippe Richert, 36,08% pour le frontiste Florian Philippot et 15,51% pour le désormais Divers gauche Jean-Pierre Masseret (exclu du PS suite à son refus de se retirer de l'élection). Tels sont les résultats après une mobilisation beaucoup plus importante des citoyens au 2e (56,36% d'électeurs au lieu de 47,91%). Le tripartisme s'installe pour au moins 5 ans dans la nouvelle région Grand Est, juste à nos frontières.
Les républicains ont peut-être remporté avec 10 points d’avance le second tour des élections régionales ce dimanche mais le front national n’en sort pas moins fort. Sur les 169 sièges, il en occupera plus d’un quart (46). Certes, selon les mots du politologue Yves-Marie Cann, il se heurte au «plafond de verre» qui l’empêche de remporter les seconds tours des élections (aucune région ne lui revient quand il était en avance dans 6 d’entre elles), n’en demeure pas moins que d’élection en élection le parti d’extrême droite progresse. Pour ce second tour en Alsace-Champagne Ardenne Lorraine (Acal), il a obtenu 150 000 voix de plus (dont 8 000 dans les Ardennes).
De son côté, le dissident du Parti socialiste Jean-Pierre Masseret a maintenu son score en attirant 50 000 électeurs supplémentaires (dont 7 000 dans les Ardennes) et permet ainsi de maintenir la gauche dans l’hémicycle contrairement aux régions Nord Pas de Calais et Provence Alpes Côte d’Azur où le FN fera seul face aux républicains. Une belle progression malgré les appels à voter à droite du PS. Son meilleur score, il le réalise aux frontières de la Belgique et du Luxembourg: dans son fief de Meurthe et Moselle (20,6%), dans la Meuse (19,5%) et dans les Ardennes (18,9%) où le député ardennais Christophe Léonard et l’ancien président de Région sedanais Jean-Paul Bachy ont appelé à le soutenir.
Cette touche rose risque toutefois d’être noyée dans un océan virant du bleu au bleu marine. Seul 1/8e des sièges lui reviennent: 19 sur 169.
Ce qui limite son champ d'action, d'autant que certains colistiers élus étaient démissionnaires dans l'entre-deux-tours et avaient appelé à voter pour l'opposition. Créeront-ils un groupe dissident? Rallieront-ils Jean-Pierre Masseret? Pour Joëlle Barat, tête de liste dans les Ardennes: «C'est une question d'honnêteté politique. […] Chacun se regarde dans une glace le matin. Chacun doit faire face à ses responsabilités».
La majorité des sièges (104) sera partagée par les républicains (66), l’UDI (26), le Modem (7), et les Divers droites (5). La tête de liste pour les Ardennes sera le député, ancien maire de Douzy, Jean-Luc Warsmann. À droite toute donc pour la nouvelle grande région qui regroupe deux anciennes régions socialistes (Champagne-Ardenne et Lorraine) et une troisième républicaine (l’Alsace) et dont le président sera élu le 4 janvier prochain à Strasbourg.