Les chasseurs dénoncent le prix du sanglier
Le prix fixé pour les sangliers abattus est trop faible, pour les chasseurs de la province. Ils contestent la surpopulation.
Publié le 26-11-2012 à 07h00
Le plan stratégique de réduction des populations de grands gibiers du ministre wallon Carlo Di Antonio, approuvé il y a quelques semaines par le gouvernement, est lancé depuis le 15novembre dernier. Ce plan, imposant une série de 25 mesures, est loin de faire l’unanimité dans le milieu des chasseurs de notre province, notamment pour ce qui concerne la diminution du nombre de sangliers.
Les comptages du DNF contestés
Si l’on reprend les chiffres fournis par la Région wallonne, on note qu’une augmentation significative de la population de sangliers s’est produite entre l’année 2000 (14 763 sangliers) et 2004 (23 027 sangliers) pour ne plus vraiment évoluer jusqu’en 2010 (24 369 sangliers), dernière date pour laquelle les chiffres du nombre d’animaux vivants, après la chasse et avant les naissances au printemps, sont disponibles.
Au-delà de la critique déjà formulée par le monde de la chasse sur l’objectivité de ces chiffres (NDLR: les différents propriétaires de chasse que nous avons contactés se disent incapables de dénombrer le nombre de bêtes sur leur territoire et s’interrogent donc sur la manière dont a procédé la Région wallonne pour y arriver), cette surpopulation annoncée a une incidence directe sur le prix de vente des bêtes pour les chasseurs auprès des grossistes. Un prix qui, suivant la loi de l’offre et de la demande, a été encore revu à la baisse. L’atteste, notamment, une lettre adressée aux chasseurs, datée du 14novembre dernier et émanant de Gibier d’Ardenne, de Bastogne, l’un des deux ateliers de découpes agréés de la province. Pour un sanglier de 10 à 19,9kg, avec ou sans dommage dans sa partie noble, le prix a par exemple été fixé à 0,10€ du kilo. Une rumeur grossit également chez les chasseurs luxembourgeois: l’autre grossiste provincial agréé, la Maison Protin à Chiny, refuserait de prendre les sangliers de moins de 25kg. Ce que dément catégoriquement Pierre Protin, responsable de l’établissement.
«Pour les petits chasseurs locaux à faible budget, organiser une journée de chasse coûte cher. Il y a cette année particulièrement de nombreux accidents avec les chiens et même des traqueurs mordus par les animaux, confie Pierre Kauten, avocat à Arlon et ancien membre du Conseil supérieur de la chasse. Et puis, surtout, il y a la difficulté d'écouler la viande. En plus de contrôles sanitaires coûteux, le prix de vente a diminué depuis une dizaine d'années. Par exemple, pour un sanglier de 25kg, pour autant qu'il soit accepté, le chasseur recevra 2€ 50. Le prix dans les magasins ne diminue pas, lui, de son côté.»
Pour Pierre Kauten, le ministre Di Antonio a ainsi pris des mesures «irréfléchies, pour contenter la population namuroise notamment, et sans aucune mesure d'accompagnement. Quand on voit les budgets accordés au projet de réintroduction de la loutre, des moules perlières et même le budget «dégâts de blaireau» (pour cet animal protégé on est à plus de 150 000€ cette année), on peut se poser des questions.»