Les Grands-Ducaux mieux payés que les frontaliers
Un résident gagne en moyenne 10,5% de plus qu’un frontalier. C’est tout simplement une question de négociation lors de l’embauche.
Publié le 11-03-2011 à 08h17
:focal(545x370.5:555x360.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YIRZF5GQSFHG5OQTJ3EONWMO3Y.jpg)
Àtravail égal, salaire égal ! La journée de la femme (le 8 mars) a rappelé qu’il n’en était rien entre les sexes. Cette fois, les Cahiers du CEPS/INSTEAD (1) démontrent que les travailleurs résidant au Grand-Duché sont mieux payés que les frontaliers. L’auteur de l’étude, Lætitia Hauret, l’écrit d’emblée dans l’introduction de ses conclusions : « Le salaire horaire moyen des résidents salariés à temps plein au Grand-Duché, en qualité d’employé ou d’ouvrier, est de près de 10,5% plus élevé que celui de leurs homologues frontaliers. »
La question est : pourquoi?
La chercheuse apporte une réponse : « Les frontaliers bénéficieraient d’un salaire moindre, car ils tenteraient moins de négocier leur salaire à l’embauche que les résidents, et/ou en cas de négociation obtiendraient un gain plus faible.»
Voilà deux hypothèses à développer.
1. Les frontaliers négocient moins fréquemment leur salaire à l’embauche
Explication : « L’enquête sur les pratiques de recrutement des employeurs au Luxembourg montre que les frontaliers, exception faite des ouvriers non qualifiés qui ne négocient jamais quel que soit leur pays de résidence, sont proportionnellement moins nombreux à tenter de négocier leur salaire à l’embauche, que les résidents. »
Par contre, les frontaliers et les résidents diplômés de l’enseignement supérieur adoptent le même comportement. Avec une différence cependant : « Pour les résidents, seul le fait d’être titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur augmente la probabilité de tenter de négocier.»
2. Les frontaliers obtiennent moins
En cas de négociation à l’embauche, les frontaliers obtiennent moins.
Selon l’étude, l’explication serait la suivante : «Pour les résidents, le fait de tenter de négocier augmente leur salaire mensuel brut, en moyenne de 12 %, contre 8% pour les frontaliers. Ce différentiel de gains à la négociation entre frontaliers et résidents peut être lié au comportement du recruteur ou du recruté. D’un côté, le recruteur peut moins souvent donner une suite favorable à la tentative de négociation d’un frontalier, ou lui proposer un surplus de salaire moins élevé, qu’il ne le ferait pour un résident, car il anticipe que le frontalier, compte tenu du niveau de vie de son pays de résidence, acceptera le salaire initialement offert ou le surplus proposé. D’un autre côté, un frontalier peut demander un surplus de salaire plus faible qu’un résident, car ses prétentions salariales sont moindres.»
> (1) Le CEPS/INSTEAD est le Centre d'Études de Populations, de Pauvreté et de Politiques Socio-économiques. C'est un établissement de recherche public qui a pour mission de contribuer, sur le plan national et international, au développement de la recherche socio-économique.