Manuel Fagny, l'Arlonais qui monte en librairie
Manuel Fagny est originaire d'Arlon. Il publie «Après les mots», l'une des belles surprises de ce début d'année. Entretien.
Publié le 05-04-2008 à 06h00
Manuel Fagny, vous êtes originaire d'Arlon et vivez à Bruxelles. «Après les mots» est votre premier roman. Elle remonte à loin, cette envie d'écrire?
Curieusement, ado, je n'ai jamais ressenti le besoin d'écrire, de raconter des histoires. En revanche, je suis un touche-à-tout. J'ai fait du théâtre, chanteur dans un groupe de rock. Et c'est ainsi qu'un jour, je me suis dit: pourquoi ne pas écrire? Le déclic s'est produit il y a trois ans, après une rencontre avec Jacqueline Harpmann. J'ai aussi été frappé par une interview de Patrick Poivre d'Arvor qui analysait ce que l'écriture lui apportait, sur le plan privé comme professionnel.
«Après les mots» est si intime qu'il paraît un peu autobiographique?
Eh! bien là, pas du tout, même s'il est vrai que beaucoup de lecteurs le pensent. D'autre part, je reçois chaque jour des mails de lecteurs qui me demandent si je connais le héros du bouquin, Édouard Mérin, s'il existe. Clairement, non!
Justement, comment le définissez-vous, cet Édouard Mérin?
C'est un garçon au début de la trentaine. Un glandeur, quelqu'un qui se cherche et ne trouve pas le sens à donner à sa vie. Du coup, il ne parvient pas à s'attacher à ses compagnes, court de petit boulot en petit boulot, s'alcoolise souvent. Il vit sur le fil et peut être déséquilibré à tout moment, tomber du côté de la vie comme du côté de la mort.
Par ailleurs, Édouard, c'est un peu chacun de nous à un moment de notre vie.
Dans votre livre, l'homme est soit paumé, soit réservé, comme le père du héros. Ce n'est pas le cas des femmes, comme Romane, dont Édouard est bleu. Comment la sentez-vous, Romane? Pas un peu mante religieuse?
Je ne dirais pas ça. Je pense plutôt que le séducteur tombe sur un os et que se joue le jeu du chat et de la souris.
C'est assez fréquent, d'ailleurs, ce genre de rapports. Plus il veut la conquérir, plus elle se dérobe. Quand il se détourne d'elle, elle revient. Tout cela conduit Édouard à une dépendance affective.
Le roman connaît un beau succès en librairie. C'est même une des surprises de la rentrée de janvier?
Le livre se vend bien, c'est vrai, mais surtout en Belgique. J'ai déjà énormément de chance que Luce Wilquin ait retenu mon manuscrit. Vous savez, la rentrée de janvier, ce sont 550 livres et les places sont chères.
Cela dit, je suis quand même flatté d'avoir reçu, il y a deux semaines, un mail de PPDA dans lequel il m'informe qu'il a parlé de mon livre dans sa chronique littéraire, sur LCI. C'est une reconnaissance qui m'a fait plaisir, d'autant que si j'écris, c'est aussi un peu grâce à lui.
Un second projet en gestation?
Oui, même si je n'ai ni plan ni brouillon. Je ne veux pas me lever le matin en me disant que je dois écrire.
L'idée est toutefois très présente dans mes rêves ces derniers temps. Je vous fixe rendez-vous en 2010.