Gabriel Bihain, le sourcier de Wellin qui avait annoncé la sècheresse pour mi-mai, prévoit un été 2023 "catastrophique"
Selon Gabriel Bihain, de Lomprez, les prédictions météo ne sont pas bonnes. Le sourcier parle d’une année catastrophique, n’annonce que 2 litres de pluie d’ici fin juin et des températures records en été.
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- Publié le 13-06-2023 à 18h30
- Mis à jour le 14-06-2023 à 09h42
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Il avait été le seul à prédire, fin janvier dernier, lors d’une interview qu’il nous avait accordée, que la sécheresse s’installerait chez nous à partir du 15 mai.
Il aurait aimé se tromper, mais il n’en fut rien, hélas. La suite, il ne la voit pas d’un meilleur œil: "Sil ne pleut pas au moins 30 litres d’ici le mois de juillet, les récoltes de céréales seront compromises. On arrivera trop juste. Or, je ne crois pas qu’il va tomber plus de 2 litres d’ici juillet. C’est une catastrophe", répète Gabriel Bihain.
Monsieur Bihain, l’horticulteur qui sort à l’instant de chez vous vous a demandé comment vous aviez fait pour prédire la sécheresse que nous connaissons. Que lui avez-vous répondu?
Que je sens cela comme je peux sentir l’eau à distance. Voici moins d’un mois, j’ai encore indiqué à quelqu’un au Congo à quel endroit, au mètre près, et à quelle profondeur il fallait creuser pour avoir un bon gisement d’eau. C’est comme cela, c’est dans ma nature. Maintenant, des gens qui débarquent chez moi paniqués parce qu’ils avaient lu ce que votre journal avait écrit et viennent ici demander conseil, j’en ai tous les jours à ma porte ou par téléphone.
Qui sont ces personnes?
Essentiellement des fermiers. C’est anxiogène, j’en conviens et c’est la raison pour laquelle je n’ose plus trop parler. Tout le monde n’est pas prêt à entendre la vérité. Pourtant, ce qui nous arrive, on le savait, mais on n’a rien anticipé. On subit et on tire la langue plutôt que de mettre en place des mesures de résistance.
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Comment cela?
J’avais dit l’an dernier qu’on n’avait encore rien vu. C’est le cas. J’ai près de 90 ans et je n’ai jamais vu des températures pareilles en juin. On n’est même pas encore à l’été ! On a connu des épisodes de chaleur par le passé, mais en juillet et août. C’est tout. J’avais dit que c’était imprudent de semer du maïs. Certains ont continué. Conséquence, c’est grave dans les semis. Il faut déjà arroser. Idem pour ceux qui ont mis des sapins de Noël en pots. Ils arrosent pour les sauver ! Que feront-ils quand nous allons avoir 40 degrés et plus en juillet. Et c’est ce qui va se passer. Nous allons avoir une année catastrophique avec 2 à 3 périodes de canicule.
J’espère sincèrement me tromper. Mais…
Que semer, alors, à la place du maïs, par exemple?
Du méteil en semis d’hiver. Je connais quelqu’un qui en a mis 7 hectares et il va récolter la semaine prochaine. C’est un rendement excellent. C’est une bonne adaptation. Tous les semis de printemps sont quasi condamnés. Et ce qui m’inquiète ce sont les céréales. Il va leur manquer juste assez d’eau pour qu’elles soient parfaites alors qu’elles sont très belles.
Pensez-vous que cela émeut la plupart des gens ce qu’il va advenir des récoltes?
Ils devraient s’en inquiéter. Quand ils n’auront plus de tartines à manger et que la faim se fera sentir, ils se souviendront de cela.
Les inondations provoquées par la rupture d’un barrage en Ukraine qui ont ravagé des milliers d’hectares de cultures, la sécheresse, tout cela ne va-t-il pas faire grimper les prix des farines et autres pailles?
C’est certain. Le pain et les céréales vont coûter plus cher. Quant aux pailles, le prix est à la hausse depuis quelques jours. Fort heureusement, il y a beaucoup de foin, mais en Famenne où les pâtures roussissent de plus en plus, il faudra entamer les réserves d’hiver en été pour nourrir les bêtes.
Un bon orage peut-il inverser la tendance?
Je suis certain qu’on va connaître le temps qu’on connaît aujourd’hui jusqu’à la fin juin et, au début du mois de juillet, voire fin juillet, on pourrait avoir des orages du type de ceux qui sévissent en France actuellement. Ils sont très violents. Des hectares de vignes ont été déchiquetés à cause de la grêle.