Langes et protections hygiéniques: débats en dessous de la ceinture à Neufchâteau
Les édiles de Neufchâteau ont discuté longuement et en détail de primes pour l’utilisation de langes et serviettes hygiéniques réutilisables. Primes votées et parfois de justesse.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/G74X6K36CFDLJMC4RLATKAD43Q.jpg)
- Publié le 07-06-2023 à 16h13
- Mis à jour le 07-06-2023 à 16h14
:focal(545x408:555x398)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/MZGZ74CBOVDHVHJ4YVWMCOU3GQ.jpg)
À certains moments, mardi soir, on se serait cru à une réunion de conseillères médicales. Plus trop de rapport avec la gestion habituelle d’une commune puisqu’on a parlé de langes et de serviettes hygiéniques !
C’est l’échevine Mariline Clementz qui a amené les sujets sur la table. Elle propose une prime pour l’achat de serviettes hygiéniques réutilisables. Une prime qui existe déjà à Namur. L’idée est de réduire le volume des déchets. À Neufchâteau, ces protections génèrent 4,3 tonnes de déchets par an. L’échevine veut aussi, dit-elle "réduire la précarité menstruelle". Elle estime que de 13 à 50 ans, une dame dépense 3 500 € pour ce type de protection. " Une prime incitera ces dames à adopter des serviettes. Elle se monte à 50 € par femme et n’est valable qu’une seule fois."
Retour en arrière ?
Mme Clementz poursuit: "3 slips périodiques coûtent 50 euros et durent 7 ans". Elle ajoute qu’elle en a discuté avec des institutrices et que celles-ci ont expliqué que des fillettes sont réglées de plus en plus tôt, dès 10 ans parfois, et que c’est un souci parce qu’elles sont gênées d’avoir taché leur vêtement ou encore leur siège. Cette solution leur permettrait d’éviter ce problème.
Le conseiller indépendant Vincent Parache: "On est parti ici pour faire plaisir à seulement quelques personnes, à des amies".
Mme Clementz rétorque: "Sachez qu’à Neufchâteau, il y a autant d’hommes que de femmes".
Philippe Bruliau, conseiller indépendant, dit comprendre l’idée de réduire les déchets mais ne voit pas le rapport avec la précarité.
La conseillère Mme Pierret (min.): "Ce système c’est un retour en arrière. Ça exige de rincer les serviettes, de les lessiver, de les désinfecter. Je ne suis pas convaincue qu’au niveau du coût, c’est avantageux. 50 € on est loin du compte ; cela ne va pas aider.
Je propose qu’on mette des distributeurs dans les écoles, infrastructures sportives, au Plan d’eau, etc."
La conseillère Mme Louis (maj.) : "Une amie ne jure plus que par des culottes réutilisables ; qu’elle ne pourrait plus passer aux serviettes hygiéniques."
Yves Evrard (min.): "Tout ceci, ce n’est pas le rôle de la Commune! Si une technologie est meilleure qu’une autre, et bien elle s’imposera d’elle-même sur le marché. Cela me pose problème qu’on donne 50€ à un public précis. S’il y a des gens précarisés, le CPAS est là. Je suis favorable à l’aide de 50€ aux jeunes."
Mariline Clementz: "J’espère que toutes les femmes de Neufchâteau vous auront entendu ce soir."
Yves Evrard: "Je n’ai pas de problème avec cela: toutes les femmes ont droit au libre choix. Je ne suis pas pour la pensée unique. Ce n’est pas dénigrer les femmes que de dire qu’on doit agir pour les jeunes."
Le mayeur Huberty à M. Evrard: "On entend de vous tout et son contraire en l’espace de quelques minutes. Ici, c’est une prime. Donc, on n’impose rien. On laisse les dames libres de choisir. Une prime, c’est juste un incitant. Si on se positionne rien que sur les 4,3 tonnes de déchets évités par an, c’est déjà un bon argument en faveur de cette prime."
M. Bruliau, en guise de boutade, propose à Mme Clementz de venir la fois prochaine avec une prime à la vasectomie.
La prime est adoptée à la majorité.
Langes: on en remet une couche
L’échevine Clémentz propose encore aux élus de voter une prime de 100 euros pour les enfants jusqu’à 3 ans. En termes de déchets, on estime qu’un bébé de 0 à 2,5 ans consomme 5000 couches, soit une tonne de déchet. Ces 5000 couches à 30 centimes l’unité, coûtent au total aux parents,1 500 euros en 2,5 ans par enfant.
"Au 1er janvier 2022, il y avait 290 enfants de 0 à 2,5 ans à Neufchâteau, soit 290 tonnes de déchets produits par leurs langes en l’espace de 2,5 ans ; soit 116 tonnes par an", précise l’échevine.
M. Bruliau demande pourquoi on n’utilise pas les langes lavables à la crèche.
La présidente du CPAS, Mme Devalet dit que le personnel de la crèche n’est pas d’accord d’utiliser ces langes lavables. "C’est un refus net. En plus, une institution publique ne peut pas imposer ce genre de couches aux parents."
M. Parache propose qu’on élargisse la mesure aux adultes qui en ont besoin.
Mme Clementz: "Il n’y a pas de demande des aînés en ce sens."
La conseillère Mme Wauthier (maj.) : "Je ne suis pas certaine que les jeunes parents seront d’accord d’utiliser des langes réutilisables. Pour moi, c’est non."
La prime est adoptée par 9 oui, 8 non et 1 abstention.