Correctionnel à Arlon: "Mon client n'est qu'une petite marionnette"

Timide, élevant à peine la voix pour que la greffière puisse l'entendre, il a répondu du bout des lèvres aux questions du président André Jordant. Le 1er septembre 2022, les policiers remarquent une voiture immatriculée en France, qui louvoie entre la bande de droite et la bande d'arrêt d'urgence sur l'E411.

Gyrophares bleus allumés, sirène hurlante, la voiture de police rattrape le véhicule et lui intime de se garer sur le côté. Après avoir fait mine d'obtempérer, le conducteur démarre en trombe avec un brusque coup de volant.

Course-poursuite à 180 km/h et des pointes de 130 km/h dans les villages !

S'ensuit une poursuite à plus de 180 km/h jusqu'à la sortie de Martelange.

Les petites routes dangereuses et la traversée des paisibles villages n'intimident pas le fuyard qui pousse des pointes à 130 km/h.

Une autre patrouille appelée en renfort dresse une herse mais il n'en a cure.

Il est évidemment immobilisé un peu plus loin avec quatre pneus crevés. Il cherchera à s'enfuir à pied dans les bois mais finira par être arrêté.

La fouille de sa voiture permettra de saisir 2,8 kg de cannabis et près de 600€. L'analyse de sa téléphonie indiquera d'autres déplacements vers des endroits connus pour être des repaires de drogue, notamment à Kraainem, dans la banlieue bruxelloise, mais aussi des contacts avec des clients.

Un dossier maigrichon ?

La représentante du ministère public, Florence Ricci, a requis dix mois de prison. "Il est clair qu'il travaillait dans une association dont il n'est pas le chef, reconnait-elle. Nous aurions pu envisager une peine de travail, mais les maisons de justice refusent cette solution si le prévenu est un étranger qui habite à plus de 50 km de la frontière, ce qui est le cas."

Luc Balaes, l'avocat du jeune dealer a estimé que c'était un dossier bien maigrichon pour renvoyer son client en prison: "C'est clairement une mule, une petite marionnette qui a été instrumentalisée par un gros bonnet. Il s'est laissé tenter par les sirènes de l'argent, alors qu'il a un parcours impeccable, travaillant dans un établissement bancaire à Luxembourg. J'admets que cela ne justifie pas son comportement. En réalité, il a paniqué quand il a vu les policiers. Il a fait plus de quatre mois de préventive, il a compris. N'en rajoutez pas pour ne pas compromettre son avenir professionnel."

Jugement le 28 juin.