"Jour historique", "Jurisprudence de ce qu’il ne faut pas faire",... : les réactions à la fusion de Bastogne et Bertogne (vidéo)
Les différents groupes politiques des deux communes réagissent à la fusion.
Xavier CreerPublié le 17-05-2023 à 21h24 - Mis à jour le 18-05-2023 à 13h22
La fusion des communes de Bastogne et de Bertogne ayant été validée par le parlement wallon ce mercredi après-midi, elle est désormais officielle. Les deux bourgmestres Benoît Lutgen et Jean-Marc Franco, qui ont fait le déplacement à Namur pour assister aux débats et au vote final, ont évidemment le sourire. Alors que du côté des minorités, cela grimace un peu plus.
Petit tour d’horizon des réactions des différents groupes politiques des deux communes.
Benoit Lutgen (bourgmestre de Bastogne): "Si c’était à refaire, je ne suis pas sûr que je changerais quelque chose"

Benoît Lutgen, le bourgmestre de Bastogne, affiche un grand sourire :
" C’est un jour historique pour les habitants des deux communes. Et une grande nouvelle car, grâce aux moyens donnés avec cette fusion, nous allons pouvoir soutenir le pouvoir d’achat et un tas de projets.
Les critiques ? ‘Il faut s’y attendre. L’opposition a deux possibilités, soit taper sur tout ce qui passe, soit essayer d’être constructif. L’opposition de Bertogne a choisi l’option d’être destructrice, avec des conséquences non négligeables. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas d’accord que ça ouvre la possibilité de raconter n’importe quoi, ou de devenir agressif ou insultant.On peut dire les choses respectueusement et surtout en argumentant. Mais je n’ai jamais entendu d’arguments de fond négatifs.
Cela va peut-être choquer, mais si c’était à refaire, je ne suis pas sûr que je changerais quelque chose dans la manière de procéder. Ceux qui ont voulu faire autrement, pas un n’y est arrivé. Nous sommes les seules communes à fusionner en Wallonie. La façon dont on a communiqué au départ a pu paraître brutale et j’en suis désolé. Mais c’était l’expression d’une conviction profonde, pour l’intérêt général pour aujourd’hui et demain, qu’il fallait travailler ensemble et ne plus faire qu’une seule commune. Grâce à cette fusion, on est rassuré pour 15, 20 ans. Qui peut dire ça en Wallonie? Personne sauf nous."
+ DOSSIER | Tout savoir sur la fusion des communes de Bastogne et Bertogne
Jean-Marc Franco (bourgmestre de Bertogne) : "Un jour important pour notre commune"

Le bourgmestre de Bertogne Jean-Marc Franco est ravi : "C’est un jour important pour notre commune. On va pouvoir travailler pour tout mettre en œuvre pour être prêt. Les deux administrations communales vont avoir une année et demi chargée en travail.Les critiques? On a respecté le décret, c’était une opportunité ou pas de faire la consultation populaire. À la base, on a choisi de faire les réunions citoyennes. Je ne m’attendais pas à autant de critiques. mais certains membres de la minorité ont été froissés et ont bien travaillé pour monter une partie de la population contre la proposition de fusion. On s’est peut-être trompé dans la communication au départ, c’est vrai, mais il n’y a pas d’exemple pour le faire. C’est la première fusion en Wallonie et on s’est cassé les dents dessus."
Louis Vaguet (minorité de Bertogne): "Cette fusion, c’est surtout le souhait de bourgmestre de Bertogne d’alors"

Louis Vaguet, le leader MR de l’opposition bertognarde qui a porté le combat contre la fusion Bastogne-Bertogne, n’a pu que redire sa profonde déception devant l’entérinement de cette fusion au Parlement de Wallonie. Il ne s’est pas déplacé à Namur et n’a pas regardé non plus les débats sur la chaîne You Tube.
"J’avais autre chose à faire que je ne pouvais reporter, se justifie-t-il. Me déplacer pour rester au perchoir et assister à un débat où tout a été dit en commission, cela ne sert à rien. Je continue à regretter que l’avis des gens n’ait pas été écouté par aucun des deux Collèges. Or la mobilisation lors de la consultation était très importante comparativement par exemple aux trois réunions d’information sur notre commune. Plus de 40% de la population s’était mobilisée et 63% se sont opposés. C’est décevant pour ces personnes. Cette fusion est surtout due à un bourgmestre, Christian Glaude, qui a sollicité un autre bourgmestre. Même parmi les Collèges des majorités et les colistiers, beaucoup ont été mis au courant quelques jours avant. J’entends encore les propos de ceux qui deviendront la majorité lors des débats préélectoraux."Nous écouterons la population", avaient-ils promis. Cette fusion, c’est tout simplement une absorption de notre commune qui se porte bien financièrement. On l’a constaté encore lors de l’examen du compte."
Jessica Mayon (MR ; minorité Bastogne):"Cette fusion est un brouillon qui servira à améliorer le processus pour d’autres"

Au travail durant les débats, Jessica Mayon n’a pas non plus assisté aux débats en direct. "Je ne m’attendais à aucune surprise évidemment, confirme-t-elle. Tout avait été entériné en commission. On savait que le processus suivait son cours. Maintenant, il faut aller de l’avant. On ne peut que regretter la manière. Cette fusion va servir de brouillon pour améliorer les processus et sans doute revoir le décret pour que cela se passe de façon plus sereine. Le fait qu’il n’y ait eu qu’une seule fusion montre sans doute que le texte recelait des imperfections et que c’était se jeter dans le vide. L’argument financier n’était pas suffisant pour convaincre les communes. Peut-être était-ce un peu de frilosité des communes qui se sont dit: regardons comment cela se passe ailleurs et essayons, nous, de faire mieux. D’autres fusions arriveront, je n’en doute pas, mais se passeront, j’espère, plus sereinement."
Michel Staes (Citoyens positifs ; minorité Bastogne) : "Une jurisprudence de tout ce qu’il ne faut pas faire"

Michel Staes, le chef de file des C+, groupe de la minorité de Bastogne, déplore cette fusion et la manière de procéder.
"Cette fusion n’est certainement pas une bonne chose. Une seule fusion a été réalisée, alors que la loi les facilitant a été déposée en 2019. Si c’était si évident et bénéfique, d’autres l’auraient fait. D’ailleurs, le ministre Collignon parle désormais moins de fusion et bien plus de supracommunalité.
Au point de vue politique, il y a certainement un bénéfice à avoir. Sur le fond, est-ce bénéfique ? Parler d’économie d’échelle est une couillonnade sachant que le territoire va doubler, donc les distances et les travaux aussi. C’est aussi un mensonge de dire que la Commune va recevoir 10 millions€, car c’est juste une diminution de la dette qui sera payée par la Région wallonne. Le fond n’a jamais été posé, nous n’avons jamais pu discuter du projet, simplement informé quand il était là. Nous sommes contre cette manière de faire. Au final, cette fusion est une excellente jurisprudence de ce qu’il ne faut pas faire. Rendre obligatoire une consultation populaire ou un référendum est une possibilité. Car ici, quatre à cinq personnes ont pris une décision pour des milliers d’habitants. Cela a été imposé par Mr. Lutgen, Mr. Glaude puis Mr. Franco pour des motifs pas toujours très clairs. Il aurait fallu présenter le programme aux gens concernés et demander leur avis avant d’aller plus loin.
Au final, pour les Bastognards cela ne changera pas grand chose. Mais il faut souligner que si Bertogne est en équilibre financier, ce n’est pas le cas de Bastogne, qui est toujours sous CRAC."