Sud-Luxembourg : il la tabasse, mais ils sont toujours ensemble
Un Sud-Luxembourgeois se voit reprocher de nombreuses violences intraconjugales. Elle porte plainte pour qu’il comprenne qu’il doit arrêter.
Publié le 12-05-2023 à 10h10 - Mis à jour le 12-05-2023 à 10h11
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Un prévenu du Sud-Luxembourg s’est présenté devant le juge André Jordant pour répondre de violences physiques et psychologiques contre sa compagne. Cette dernière a, à plusieurs reprises, subi des faits graves, gifles, coups, insultes, menaces et la dernière fois, une tentative de la blesser avec un grand couteau de cuisine qu’il a brandi en hurlant: "Tu vas le payer".
Le prévenu, quinquagénaire, à la mise impeccable dans son costume sombre, a fait mine de reconnaître les faits et de les regretter. L’avocat de la victime, M Marc Kauten, a décrit une situation inhabituelle: "Ma cliente est triste et peinée de se retrouver ici aujourd’hui. Elle ne crie pas vengeance, mais elle veut être reconnue comme victime. Elle a tout fait pour que cela s’arrange, mais, n’en pouvant plus, elle a fini par porter plainte." Assise devant son avocat, la dame confirme qu’elle espère que ce procès sera salvateur et que le suivi psychologique mis en place permettra au prévenu de mieux maîtriser son impulsivité. Les violences intraconjugales qui aboutissent au tribunal amènent en général des couples séparés ou en conflit important. Ici c’est différent, le couple vit et travaille toujours ensemble.
Plus le même homme
La substitute du procureur du roi, Stéphanie Brand a repris les différentes scènes de violences énumérées dans le dossier: "Il a essayé de l’enfermer dans la cuisine, l’a balancée du haut des escaliers, elle a parfois dû se mettre à genoux pour le supplier d’arrêter. À son retour de vacances où il était parti seul, il suspecte de l’avoir trompé, il exige qu’il puisse fouiller ses messages, lui jette divers objets à la figure et fait un tel raffut que les voisins débarquent. In fine, il lui crache dessus, ce qui, pour une femme, est l’horreur, pire que de recevoir une gifle."
Mme Brand s’oppose à des mesures de clémence: "Monsieur minimise et rejette la faute sur la victime. Je m’oppose à une peine de travail ou à une suspension du prononcé qui banaliserait de tels faits. Je requiers dix mois de prison."
Me Dimitri Soblet, pour la défense, a expliqué que le temps a fait son œuvre: "Mon client a vu les combis de police débarquer chez lui. Il a été embarqué menotté au vu de ses voisins. Il est resté plus de sept heures au cachot. Tout cela, c’est une peine en soi. Aujourd’hui, il n’est pas du tout fier de se retrouver devant un tribunal en audience publique. Entre les tentatives de médiation qui avaient échoué et aujourd’hui, ce n’est plus le même homme devant vous. On le présente aujourd’hui comme le mauvais, mais il faut s’écarter de ce schéma qui voudrait que l’homme soit toujours le méchant et que la femme soit par définition une oie blanche."
M Soblet a proposé au juge de condamner son client à une peine de probation autonome, peine qui a l’avantage de ne pas figurer sur le casier judiciaire. "Ces peines qui sont laissées à l’appréciation des assistants de justice en concertation avec les condamnés, donnent généralement de bons résultats", ajoute l’avocat. Le jugement sera rendu le 24 mai.