Plus de 70 % des fermes ont disparu à Erezée, Manhay et Rendeux: voici les chiffres agricoles, commune par commune
Les communes les plus "cultivées" en province de Luxembourg ? Rouvroy, Vaux-sur-Sûre et Bastogne. Celles où plus de 70% des fermes ont été rayées de la carte en 30 ans ? Erezée, Manhay et Rendeux. Coup de projecteur, commune par commune, sur quelques données agricoles. Et analyse.
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Publié le 09-05-2023 à 06h33
En trente années, la province de Luxembourg a vu disparaître 3283 fermes, soit 58% de ses exploitations agricoles. C’est dans le nord de notre territoire, à Erezée, Manhay et Rendeux que la baisse est la plus drastique.
C’est l’un des nombreux constats que l’on peut poser grâce à un nouvel outil en ligne: les bilans communaux de l’État de l’agriculture wallonne. Nous avons choisi de mettre en avant l’évolution du nombre de fermes entre 1991 et 2021 (derniers chiffres actualisés), ainsi que la surface agricole utilisée dans chacune des 44 communes du territoire provincial. Cet outil rassemble toutefois quantité d’autres données agricoles (lire ci-dessous).

Revenons-en au nombre d’exploitations agricoles. Si l’ampleur de la perte entre 1991 et 2021 peut effrayer de prime abord, il faut savoir qu’elle est compensée, en quelque sorte, par une plus grande taille des exploitations. "Oui, on peut dire cela, confirme Pierre Peeters, responsable du Service provincial Agriculture, que nous avons contacté pour analyser ces données. En analysant d’autres chiffres, on voit que le nombre d’hectares cultivés ne diminue pratiquement pas depuis 1977."
Sur les trente dernières années, sur la commune d’Erezée, une ferme exploitait en moyenne 20 ha. En 2021, la moyenne est de 66 ha. Ce constat vaut pour toutes les communes.
Si le nord de la province semble davantage touché par la disparition des exploitations, Pierre Peeters n’y voit pas d’explications objectives. "Je ne pense pas qu’il y ait une grosse différence entre les différentes régions de la province, ajoute-t-il. Et c’est logique, notre territoire agricole est principalement dédié à l’élevage bovin, qu’il soit laitier ou viandeux."
Une agriculture qui reste familiale
Peut-on s’attendre à ce que d’ici 2050 plus de la moitié des fermes existantes soient à nouveau rayées de la carte ? Difficile à prédire. "Ce qui est certain, c’est que le nombre va continuer de baisser. Les exploitations se professionnalisent encore davantage. Et il suffit de voir l’âge moyen des exploitants, dans d’autres statistiques !, poursuit le responsable du Service provincial agriculture, habitué à tous ces chiffres. Le métier d’agriculteur est un métier exigeant, avec des contraintes de reprise, tant au niveau financier que par rapport aux autres membres de la succession. " Des aides à la reprise et à l’installation existent, pour inciter les jeunes agriculteurs, "mais le capital à fournir reste énorme ", commente Pierre Peeters.
Quant à la mise aux normes des fermes, "le gros a été réalisé aux alentours des années 2000, relève-t-il. Les exploitations sont aux normes, il n’y a aucun problème. Le processus de renouvellement des permis environnementaux est en cours (NDLR: à renouveler tous les 20 ans)."
La taille des exploitations augmentant, peut-on s’attendre à l’érosion voire à la fin du modèle d’agriculture familial ? Pierre Peeters n’y croit pas, pas en province de Luxembourg. "Non, on reste toujours dans ce cadre d’une agriculture familiale, respectueuse de l’environnement. Surtout en province de Luxembourg. Même si le nombre d’hectares et le cheptel augmentent. "
Rouvroy, commune la plus "agricole"
L’agriculture représente un secteur extrêmement important en province de Luxembourg. Plus d’un tiers de notre province, terre d’élevage, est consacré à l’agriculture. Les surfaces agricoles sont surtout composées de prairies permanentes et de productions fourragères.

Proportionnellement, Rouvroy est la commune qui consacre le plus de surface à l’agriculture. Derrière, on retrouve Bastogne et Vaux-sur-Sûre, puis… Messancy. Voilà qui pourrait étonner ceux qui ne connaissent la localité que pour ses magasins disséminés le long de la N 81.
En queue de peloton, on retrouve Martelange, Bouillon et Daverdisse. Rien d’étonnant à cela. Dans le bas du tableau figure les communes "forestières". Ne l’oublions pas, environ 46 % du territoire provincial est couvert de forêts.
Signalons encore que la commune qui compte le plus de bovins est Bastogne (20 660 têtes), suivie de très près par Libramont (20 440). En 3e position, on retrouve Vaux-sur-Sûre (17 650).
Une mine de données agricoles, commune par commune
Sous l’impulsion du ministre de l’Agriculture Willy Borsus, l’administration a publié un nouvel outil en ligne: les bilans agricoles communaux. Il permet notamment de visualiser l’ensemble des données agricoles de chaque commune wallonne.
Voici le type d’informations qu’on retrouve: le nombre d’exploitations par commune, la main-d’œuvre, la surface agricole utilisée (SAU) des exploitations, le cheptel, l’évolution du nombre d’exploitations et de leur SAU moyenne dans le temps… Par commune, on retrouve aussi la surface agricole utilisée, la part d’agriculture biologique, la proportion des différentes cultures sur la commune…
Pour le ministre Willy Borsus, "le site de l’État de l’Agriculture Wallonne est un outil d’aide à la décision qui nous permet d’observer et d’analyser en profondeur les tendances agricoles. Aujourd’hui, grâce à ce nouvel outil"Bilans communaux"ce sont les Villes et Communes wallonnes qui vont pouvoir bénéficier de cette mine d’informations objectives et pertinentes concernant leur territoire agricole et agir en fonction de leur propre situation. "