Un policier gaumais n’aurait pas dû gifler une ado fugueuse
La jeune fille, après avoir fugué plusieurs heures, avait énervé les policiers en se moquant d’eux dans le combi. Le policier lui a alors porté une gifle. Il risque une peine de 3 mois de prison.
Publié le 21-03-2023 à 06h00 - Mis à jour le 21-03-2023 à 08h34
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Trois mois de prison et 100 € d’amende, plus les conséquences qu’on pourrait imaginer au plan disciplinaire en cas de condamnation pénale, c’est ce que risque d’encourir un policier de 28 ans de la zone de police de Gaume.
Le parquet estime que le policier a perdu son sang-froid et a eu une réaction disproportionnée à l’égard d’une jeune fille lors d’une intervention le 13 juin 2021.
Nuit de fugue
Ce jour-là, le policier et cinq de ses collègues étaient en intervention, en pleine nuit, pour retrouver une ado de 14 ans qui avait fait une fugue avec une de ses copines.
Les deux jeunes filles sont finalement rentrées au domicile de leurs parents vers 5 h du matin et les parents ont prévenu la police de l’heureuse nouvelle. Les policiers gaumais se sont alors présentés au domicile du papa de la première ado fugueuse et ont voulu prendre la déclaration de la jeune fille dans le combi.
C’est là que tout a dérapé.
D’après Me Laurent Michel, partie civile, un des policiers s’est levé et a porté une gifle à l’une des jeunes filles. “Certes, elles ont eu tort de se moquer des policiers, mais le policier n’avait pas à réagir ainsi, il est formé pour gérer ce genre de situation.”
Me Michel cite aussi des déclarations de collègues du policier qui ont vu ce dernier porter la gifle.
Au plan civil, l’avocat réclame 400 € de dommage moral et le remboursement des frais administratifs et des frais de constitution de la plainte (faite par le papa).
Le parquet, via Mme Céline Monnaie, abonde dans le sens de la partie civile et estime que même s’il “y a eu une attitude hautaine et insolente des jeunes filles, il n’y a pas eu de provocation de leur part et la réaction du policier n’est ni raisonnable ni proportionnée.” Le parquet réclame donc trois mois de prison et 100 € d’amende, mais n’est pas opposé à un sursis.
Apprécié par sa hiérarchie
Me Frédéric Gavroy, pour le policier, demande le bénéfice de la suspension du prononcé car non seulement le policier a un casier judiciaire vierge, mais d’après le commissaire divisionnaire Schul cité par Me Gavroy, ce policier a des états de service impeccables : “grande motivation, esprit d’initiative, se remet en question, ouvert à la critique, a sauvé des personnes lors d’un incendie.”
Me Gavroy ne parle pas de gifle, mais “d’un geste du revers de la main, pas du plat, qui est une violence légère”.
Le juge Nazé rendra son jugement le 17 avril.